Presque deux ans après la parution de l’EP Air Max, le collectif montréalais Dead Obies lancera demain un troisième album, DEAD. Le Culte a reçu un accès privilégié à ce projet attendu avec impatience par les adeptes de rap québécois.
Depuis Collations Vol. I et 2 et Montréal $ud, considérés par plusieurs comme des oeuvres phares du courant post-rap, un véritable culte s’est formé autour du groupe de 20Some, Ogee Rodman, Snail Kid, Joe Rocca et VNCE CARTER.
Leur deuxième album, Gesamtkunstwerk, avait divisé la critique et les fans en proposant un projet live se rapprochant davantage du rap américain, mais avait engendré plusieurs chansons à succès comme Where They @, Explosif et Waiting.
La parution du déroutant Air Max et du single Monnaie, largement dénigrés par le public, en plus du départ du leader du groupe, Yes McCan, avaient par la suite abaissé les attentes de plusieurs. Leurs premiers fans, nostalgiques du son cru et sale qui avait défini leur identité initiale, étaient de moins en moins rassasiés par le produit offert.
Les puristes seront peut-être déçus par DEAD, qui se révèle comme une suite logique à leurs opus précédents. Non, il ne s’agit pas d’un retour aux sources, à l’époque des instrumentaux épurés ou des voix vierges d’autotune. Cela n’en fait pas pour autant un projet inintéressant.
Avec la sortie des vidéoclips de Run Away, André et du tout nouveau Doo Wop, l’autoproclamé Big Five semblait se lancer dans plusieurs directions à la fois.
Ultimement, il démente cette supposition en bâtissant un projet assez homogène. Les thèmes les plus récurrents de l’album – l’argent, la célébrité et l’amour – tracent une corrélation intéressante entre les morceaux. Ce dernier sujet est particulièrement abordé: sur environ la moitié des titres, les emcees s’adressent directement à leur prétendante ou à leur copine.
Sans grande surprise, les moments les plus forts de l’album se retrouvent sur les chansons qui se distancent du trap. Ne sursautez pas si vous entendez les excellentes High ou Doo Wop dans les grands postes de radio d’ici peu! Alliant pop, RnB et rap, celles-ci s’inscrivent instantanément dans l’élite actuelle du rap queb. 2gether et Big Girl, qui rappellent sans équivoque le style de Gesamtkunstwerk, closent l’album agréablement.
C’est plus laborieux du côté de Oh Boy, Royautés, 24, F1 et C’est bon, des calques peu accrocheurs des géants du rap américain. Ces titres susciteront peut-être un certain engouement en concert, mais l’on entretient certaines réserves par rapport à leur version studio.
Un constat s’impose après l’écoute de DEAD: VNCE est le véritable maître d’orchestre du collectif. Individuellement, les quatre rappeurs ne sont pas sur un même piédestal, mais il réussit à les ramener au même niveau. L’on peut toutefois clamer sans hésitation que 20Some, par sa force lyricale et son flow habile, ainsi qu’ Ogee Rodman (feu OG Bear), par sa voix envoûtante et ses hooks accrocheurs, dominent cette production éclectique. Ils ont le talent et la reconnaissance nécessaires pour se démarrer une carrière solo retentissant quand ils le désireront.
Malgré son énergie et quelques bons flashs, Joe Rocca était terriblement plus efficace à ses débuts. Sa voix stridente et son champ lexical très limité ne s’agencent tout simplement pas à l’ambiance de l’album. Snail Kid, de son côté, est un peu plus effacé qu’à l’habitude, mais demeure essentiel à l’équilibre du groupe.
DEAD est, somme toute, un album solide si l’on ne se sert pas de la discographie antérieure de Dead Obies comme comparatif. Le Big Five nous fait passer un moment agréable en leur compagnie, tout en tournant pour de bon une page dans leur processus créatif.
Dead Obies est mort, vive Dead Obies!
Vous pourrez écouter DEAD. à partir de minuit, ce soir, en suivant ce lien: bsd-link.com/dead.
☆☆☆
DEAD.
Dead Obies
Bon Sound
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