Ubu roi : la relève en action
- Jeanne Tardif

- il y a 22 heures
- 2 min de lecture
Devant famille, ami·es et personnes curieuses, une partie des finissants et finissantes de l’École supérieure de théâtre (ÉST) présentent la pièce Ubu Roi. Ces derniers revisitent le propos du dramaturge Alfred Jarry en juxtaposant les conflits de pouvoir à la réalité contemporaine.

La pièce met en scène le père Ubu et sa femme, tous les deux à la conquête du pouvoir dans le royaume de Pologne. Fidèle à la tragédie classique, l’histoire comporte ensuite une série interminable de manigances causées par l’appât du gain. La proposition scénique de l’ÉST puise à fond dans l'énergie absurde d’Ubu Roi afin de créer un propos léger, mais très revendicateur : il ne faut jamais sous-estimer les changements qu’apporte le pouvoir sur un individu.
Constance et cohérence
La mise en scène d’Isabelle Leblanc est audacieuse. L’absurde est poussé au maximum tout au long de la pièce et aucun détail n’y échappe. Le résultat est réussi.
Les costumes permettent dès les premiers instants, alors que le texte est un peu flou, de comprendre l’univers dans lequel le public doit se projeter. Les éléments sont faits à la main par les étudiantes de scénographie. Ce n’est pas le réalisme qui prime, mais plutôt la présence de symboles forts.
Les interprètes réussissent à conserver une forte énergie jusqu’à la fin du spectacle. Leurs chorégraphies de mouvements, où abondent les sauts et les courses, créent une ambiance burlesque. Leurs expressions faciales et leur ton de voix exagéré s’inscrivent dans la même veine.
Un nombre d’interprètes restreints
Les artistes sur scène sont au nombre de six, alors qu’il y a au moins une vingtaine de personnages. Les costumes en plusieurs couches permettent d’exécuter des changements rapides tout en produisant différents agencements pour créer de nouveaux personnages.
Les accessoires viennent aussi remplacer des interprètes. Les personnages interagissent notamment avec des figurines de carton, au plus grand bonheur de l’auditoire. La scène est ainsi allégée et la distinction entre les individus est claire.

Rythmique : des bons et des moins bons coups
Le rythme général du spectacle est assez rapide. Il est difficile de tout suivre et de tout comprendre. Les péripéties et les personnages se succèdent à vitesse effrénée, créant un sentiment de confusion, mais qui se prête bien à l’absurde.
En ce qui concerne le texte, les dialogues manquent parfois de rythme. Les phrases s’enchaînent, sans nécessairement être en réaction aux précédentes.
C’est plutôt lors des monologues, des tirades et des chœurs que le travail des artistes rayonne. Tous les monologues sont habités, autant dans la posture que dans le regard et le ton de voix. Les chœurs, parfaitement synchronisés, ne gênent aucunement la compréhension du texte. Ils donnent de la puissance aux mots et permettent de faire vivre le peuple de Pologne, un personnage en soi qui, sur les planches, demeure souvent invisible.
Après avoir effectué cinq représentations, les étudiants et étudiantes ont laissé la scène à leurs collègues qui ont présenté Des morceaux de lumière, du 9 au 13 décembre.











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