La DJ Inès Foka, alias Ms. Baby, dégourdit les amateurs et amatrices de fête en animant des soirées déjantées à travers la métropole. D’origine franco-camerounaise, elle se démarque par son énergie rassembleuse et sa présence turbulente sur les réseaux sociaux.
Mention photo : Raphaële Sohier @raphsohier
La versatilité d’Inès Foka est un atout lorsqu’il est question d’égayer un évènement par des airs tranquilles de soul, de R&B et de jazz, ou d’électriser une piste de danse en jouant du brazilian funk, de l’amapiano et du dancehall. L’artiste attribue sa sonorité cosmopolite à son héritage culturel : « Je suis Camerounaise, donc j’écoute beaucoup de musique de chez moi. C’est ce qui m’inspire, c’est ma racine. Mais c’est aussi ma racine qui me permet d’explorer et d’apprécier de la musique de tous les genres. »
Ses goûts musicaux éclectiques, juxtaposés avec son sens du rythme, lui permettent de décrypter l’énergie de la foule et d’adapter l’ambiance. Il est tout de même important de rester fidèle à son style personnel, insiste-t-elle, car la force du DJ repose dans son unicité. « Je trouve que c’est un partage entre l’artiste et la crowd », affirme-t-elle.
Selon Ms. Baby, c’est son amour « passionnel » pour la musique, mais surtout son envie de le partager qui l’ont poussé à concilier travail et plaisir. « Parce qu’au final, la différence entre jouer en soirée versus jouer chez toi, c’est que tu as envie d’interagir avec les gens. »
Mention photo : Raphaële Sohier @raphsohier
Rester authentique derrière l’écran
C’est sa personnalité captivante, qu’elle laisse entrevoir sur les réseaux sociaux, qui charme et convainc les personnes intriguées de suivre son contenu. « Les gens se disent, ok, voici la DJ que j’ai vue hier, et ce matin, elle fait son café. » Inès Foka fait référence aux vidéos débridées sur son profil, dans lesquelles elle se montre en train d’exécuter sa routine matinale ou de danser debout sur des tables. Ses aventures, racontées de manière comique et décomplexée, divertissent autant qu’elles fascinent.
L’artiste estime que ce sentiment de proximité véhiculé par les réseaux sociaux lui apporte le soutien de plusieurs. « [Les gens] ont l'impression que je suis juste une personne comme eux », dit-elle. Ces partages spontanés de son quotidien lui permettent de bâtir une communauté et de connecter avec elle à l’extérieur de la piste de danse. Inès Foka ne se sent toutefois aucunement obligée de « jouer [avec] les codes » et de faire attention aux apparences ; elle utilise les réseaux sociaux avec plaisir et ne souhaite pas en dépendre.
L’envers du décor
La DJ est consciente que l’engouement généré par ses réseaux sociaux n’est pas toujours positif ; « il y a des gens qui essaient de profiter de mon nom, de ma communauté. Ils essaient de m'avoir comme token [apparence symbolique] », confie-t-elle.
Elle rappelle qu’avant la pandémie de COVID-19, la scène montréalaise du DJ était beaucoup moins accessible pour les femmes noires. Foka fait d’ailleurs référence au mouvement Black Lives Matter, qui a éveillé les consciences et relevé plusieurs injustices au sein du milieu, notamment la sous-rémunération des femmes de couleur.
Quatre ans après ses débuts, Ms. Baby a performé pour plusieurs événements prisés de l’industrie musicale comme Boiler Room, Moonshine et Afrotonik. L’artiste évite de mettre sur un piédestal certaines institutions et refuse l’idée d’une bucketlist, « certaines organisations peuvent avoir l’air grandioses, mais à l’intérieur, elles sont pourries. »
L’effet DUPPY GRLZ
C’est le soutien de ses pairs, et la communauté qu’iels ont créée, qui la pousse à rester dans l’industrie. Elle reconnaît d’emblée que sans des personnes comme Niabi dans son cercle, la DJ avec qui elle forme le duo DUPPY GRLZ, elle ne serait pas là où elle est aujourd’hui.
Mention photo : Alexia Francisco @pointxpause
Les deux femmes jouent une fois par mois au Barbossa, « lieu de naissance » de leur duo, ce qui leur a permis d’y bâtir une communauté et d’y cultiver une ambiance « familiale ». « Il y a des gens qui nous disent: “ heureusement que vous faites ça parce que c'est la seule fois où je sors, c'est la seule fois où je peux m'ambiancer et me mettre le cul à l'air ” », conclut Inès Foka.
Son amour pour le rythme s’est concrétisé le 19 septembre dernier lorsqu’elle a présenté Nuit d’Été, la première « expérience sonore et communautaire » proposée par le collectif qu’elle a fondé AU BON MOMENT.
Ms. Baby revient avec une deuxième soirée dansante, Ensemble, Baby, le 14 novembre prochain à la buvette sonore Vino Disco.
Comments