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Vincent Boily-Chatelain, à la mode punk

Dans son studio encombré au cœur de la Cité de la mode, entre une pile d’écussons et de macarons dénichés en friperie, Vincent Boily-Chatelain prépare sa prochaine édition limitée de sacs à dos. Rouillés, déchirés et maculés de peinture, les items « endommagés » vendus sur son site sont fidèles à son esthétique DIY et indisciplinée. 


Mention photo: Jacob Basil Morin
Mention photo: Jacob Basil Morin

Propulsé par le collectif artistique Shadow Wizard Money Gang, mais s’inscrivant aussi dans son propre courant, le jeune Montréalais construit un empire de la mode punk. À 22 ans, son style est déjà bien défini, unique et reconnu. Outre la mise en valeur de l’usé, le créateur de mode propose des pièces inusitées, comme des shorts de basket amples revisités, ou un hoodie équipé de sangles de sac à dos, « comme ça, tu peux l’accrocher dans ton dos quand t’as chaud », explique l’artiste en entrevue avec Le Culte.


Même si les Baggy Bball Shorts sont ses meilleurs vendeurs, l’artiste préfère confectionner les sacs à dos. Après leur assemblage, il dessine, peint et coud des écussons sur le tissu à sa guise. Il abîme ensuite le tout avec du papier sablé avant d’ajouter des effets de rouille. Il s’inspire des « sacs à dos de [randonneurs], ou du linge punk, que les gens ont accumulé des patchs dessus », explique Vincent Boily-Chatelain. « J’aime juste accélérer ce processus-là ». 


Lorsque ses créations ont du vécu, elles racontent une histoire. Le jeune créateur ne fait pas d’exception pour ses propres vêtements qu’il confectionne et porte jusqu’à leur destruction. Les jeans usés, tachés de gouache et aux ourlets effilochés qu’il porte tous les jours depuis six mois en sont la preuve. 


Mention photo: Vincent Boily-Chatelain
Mention photo: Vincent Boily-Chatelain

La fratrie des Shadow Wizard Money Gang


Le designer fait partie des Shadow Wizard Money Gang, un collectif d’artistes multidisciplinaires reconnu en ligne pour leurs costumes colorés et leur signature musicale éponyme. Les membres du collectif travaillent tous dans des domaines variés, allant de la musique au design graphique. Dans ce tourbillon d'esprits créatifs variés, les artistes s'inspirent mutuellement et se soutiennent. Cette communauté permet à chaque artiste de rayonner davantage sur la scène culturelle montréalaise. 


Si Vincent a récemment pu faire parvenir l’une de ses célèbres paires de shorts à Drake, c’est grâce à son ami Tommy Jack Oddo Verdier, qui lui a proposé d’ajouter la pièce au colis qu’il envoyait déjà au chanteur — une paire de bottes signée par Verdier, sa propre marque. 


Créer par passion


Pour le créateur, rien n’est plus gratifiant que de vivre de ses pulsions artistiques. Le « débrouillard dernière minute » admet que le stress de la vie artistique est difficile à supporter, mais il préfère compter sur ses machines à coudre, ses surplus de tissus et le soutien de son entourage plutôt que « de devoir distribuer des CV ».


Son éthique de travail acharnée, il la doit à sa « bible », le livre The Creative Act : A Way of Being de Rick Rubin. « Toutes les idées existent déjà dans l’univers, mais chacune possède son moment », résume-t-il, le livre à la main. « Il faut suivre les idées qui te parlent ».


Mention photo: Vincent Boily-Chatelain
Mention photo: Vincent Boily-Chatelain

Le jeune homme parle parfois d’une idée de manière obsessive à ses ami·es, pendant des mois, avant de l’oublier. D’autres fois, il exécute un projet la journée même, dans un puissant élan créatif, sans même faire d’esquisse. Récemment, il a fabriqué sur un coup de tête, sans en parler à personne, une énorme pochette en forme d’épingle de sûreté. L’échantillon a fait un tabac sur les médias sociaux et il doit maintenant mettre tous ses autres projets sur pause pour essayer de commercialiser le produit cette année.


« J’aime quand il y a une espèce de clin d’œil, que l’idée est plus loin que purement esthétique », affirme-t-il. « Tu peux mettre quarante poches sur un pantalon, mais ce n’est pas parce qu’il y a plus de détails, puis qu’il y a plus de boutons, puis que ton tissu coûte plus cher, que c’est meilleur… J’aime quand il y a quelque chose de [rusé]. »

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