Deux ans après avoir dévoilé l’opus Les Frères Cueilleurs, lauréat de plusieurs prix à l’ADISQ, le collectif de rap Alaclair Ensemble revient à la charge avec Le sens des paroles, un mélange équilibré entre le trap américain et le post-rigodon, genre musical inventé par les principaux intéressés.
Après le succès retentissant des singles Ça que c’tait, Alaclair high et Sauce Pois, qui ont tous trois récolté plusieurs centaines de milliers d’écoutes sur Spotify et Youtube, le septuor a acquis une place de choix parmi l’élite mainstream de la chanson québécoise. Il avait donc intérêt à consolider ce statut, qui est si facilement ébranlable.
Alaclair ne sort jamais vraiment de sa zone de confort dans cette production de quatorze morceaux, mais présente un produit plus solide que jamais. Les beatmakers Vlooper et Mash font un travail remarquable pour construire un tout homogène, malgré la diversité stylistique des membres du groupe. Les influences reggae, RnB et même pop latino s’agencent efficacement au rythme trap du projet, aujourd’hui omniprésent sur la scène du rap keb.
Fidèles à leur habitude, les membres adoptent un ton satirique et ne se prennent pas plus au sérieux qu’il le faut, mais abordent cependant des thèmes plus approfondis, comme leur perception de la critique (De Partout), la précarité de l’industrie musicale québécoise (FLX) et même le suicide (Rédélé).
Le sens des paroles ne contient aucune chanson qui marquera autant les esprits que Ça que c’tait, mais présente plusieurs morceaux se démarquant clairement du reste de l’album, en commençant par l’explosif FLX, qui a fait l’objet d’un vidéoclip au début du mois de septembre.
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Les pièces Ripa, traitant de la percée récente d’Alaclair en France et Pied sul gaz, toutes deux très accrocheuses par leur ambiance estivale, profitent grandement de la présence inattendue de Claude Bégin. Ce dernier a troqué son rôle de quasi-mascotte et d’hypeman pour participer activement à la fluidité mélodique de l’album grâce à sa voix envoûtante.
Le rappeur KNLO marque aussi les esprits grâce à son effort solo dans O à 120, un clin d’œil évident à nul autre que Drake et son 0 to 100 / The Catch Up. Il s’agit peut-être du plus grand ver d’oreille du projet.
Le groupe clôt d’ailleurs l’album avec la surprenante 436 – Yéyé gospel edit, qui peut compter sur les talents vocaux des chanteuses Caro Dupont et Modlee, le tout sur une instrumentale aux allures nostalgiques.
En bref, Le sens des paroles ne passera peut-être pas à l’histoire, mais est sans doute le projet le mieux ciselé d’Alaclair Ensemble, allongeant du même coup le règne du collectif au sommet du rap québécois.
Celui-ci se présentera d’ailleurs au public le 23 novembre à l’Impérial de Québec et le 30 novembre au Club Soda de Montréal.
☆☆☆½
Le sens des paroles
Alaclair Ensemble
Disques 7èmeciel
2018
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