Crédits photo: Maxime Côté
Un vélo stationnaire, une batterie et une artiste : la performance multidisciplinaire Warm Up, présentée le 13 décembre en grande première au théâtre La Chapelle, dénonce la surconsommation énergétique. Mykalle Bielinski pédale pour produire le pourcentage de 15 % d’électricité nécessaire à son spectacle, un cri du coeur pour une décroissance qui « n’est pas de l’écoanxiété, mais un instinct de survie », affirme l’artiste.
0% : rien ne sera réalisé sans effort. L’artiste multidisciplinaire Mykalle Bielinski entre en scène, installe son vélo et son système de stockage énergétique et se met à pédaler. Elle doit alimenter son ordinateur et son amplificateur, essentiels à sa performance de trois chants liturgiques. L’électricité n’est pas un droit, mais un privilège. L’artiste incarne cette prise de conscience en poussant son corps jusqu’à l’épuisement.
Les interprétations vocales succèdent au ronronnement du vélo stationnaire. Malgré l’essoufflement de l’interprète, elles révèlent son talent inouï et le contrôle qu’elle détient sur sa voix. À plusieurs reprises, Mykalle Bielinski interrompt brusquement les effets émouvant et hypnotisant de ses chants de messe pour se hâter à pédaler. L’énergie n’est pas constante : elle s’épuise.
3 % : c’est l’abandon. L’artiste rallume les lumières et se tourne vers la prise de courant pour terminer sa prestation. « À ce moment, je suis fatiguée, fâchée. Je consomme plus que ce que je produis, donc ce n’est pas viable à long terme. J’ai fait ce choix délibérément pour montrer cette absurdité », confie-t-elle en discussion post-spectacle. « On s’est aussi fait prendre au jeu lors du processus créatif en réalisant qu’on était toujours dans le même système de production de ressources, malgré l’utilisation d’une énergie pseudodurable », ajoute la dramaturge ayant participé à la création de Warm Up, Myriam Stéphanie Perraton-Lambert.
Le spectacle sonne comme un appel à l’aide, voire une sollicitation à déconstruire le système à l’origine de la crise climatique. Immersif, il se veut aussi une métaphore invitant à « reconfigurer les éléments connus, mais dans une logique inutile, en ne pensant pas à la productivité ou à l’utilité », explique Mykalle Bielinski. Cette philosophie se manifeste lors de la transformation du vélo en une œuvre d’art éclatée. Les pièces séparées sont alors rassemblées et placées en équilibre pour former une sculpture extravagante.
Mykalle Bielinski est une autrice-compositrice-interprète diplômée de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM qui s’illustre en chant, en poésie et en écriture scénique. Précédée par ses œuvres Gloria (2015) et Mythe (2018), Warm Up (2021), réalisé en collaboration avec Myriam Stéphanie Perraton-Lambert (dramaturge) et Édith Patenaude (mise en scène), est le troisième concert immersif réalisé par l’artiste.
Warm Up est présentée au théâtre La Chapelle jusqu’au 17 décembre.
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