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Toi-même tu sais, Caballero et JeanJass sont de retour



Quelques jours après leur passage à Montréal le 25 mai dernier, Caballero et Jeanjass, nos deux Belges pince-sans-rire préférés, sont de retour avec le troisième opus de la série Double Hélice.


Les deux rappeurs continuent d’exploiter la formule qui fait leur succès : Punchlines divertissantes, Autotune géré à la perfection, vantardise frôlant le ridicule et autodérision sont au rendez-vous.


Les prises de risque à gauche et à droite fonctionnent très bien. Sur Dégueulasse, le duo s’aventure dans le rap conscient, tout en conservant son sens de l’humour caractéristique. Après tout, qui d’autre comparerait « Larguer une bombe sur un village » et un ministre qui ne paie pas ses impôts à ne pas se laver les mains après avoir été à la toilette? Les Belges sont catégoriques : tout ça, c’est très dégueulasse. Ces touches de légèreté aident à faire passer le message sans tomber dans un délire moralisateur.


Sur A2, ayant pour thème les ruptures, le contraste entre les paroles mélancoliques et la mélodie entraînante crée un heureux mélange. Caballero se livre, lui et son cœur brisé. « J’m’en veux, vraiment, j’m’en veux / J’aimerais pleurer vers l’intérieur pour éteindre mon âme en feu / T’es ma moitié, sans toi y’a un drôle de vide. /  J’espère qu’nous deux ça marchera dans une autre vie ». Pareil pour JeanJass, qui peine à jongler entre ses ambitions de rappeur et sa vie personnelle. « Ouah, quel talent ! J’ai conquis la Belgique et même la France / T’as vu en moi un futur millionnaire, elle a vu en moi un futur père absent ».


Niveau sensualité, dur de faire mieux que Bae, son rétro agrémenté d’un refrain signé Hamza, qui est au sommet de sa forme. « Ma nouvelle drogue, oh oui / J’en ai plus b’soin d’autres depuis / Juste une dernière danse, j’t’en prie / Laisse-moi ma chance baby / J’veux qu’tu restes là toute la night ».


California et Pepsi, en milieu d’album, tombent à point en ce début d’été, possédant toutes les deux refrains accrocheurs et beats entraînants. La première, produite par Realmind (un des maestros de 56K de Loud), est marquante par sa mélodie de piano superposée à d’innombrables variations rythmiques. La deuxième l’est par l’alternance entre ses notes de guitares acoustiques aériennes et ses drums étouffés. Des sons de bord de mer dont on n’a jamais assez.


Le monde a changé m’a déçu. La ressemblance est évidente avec l’énorme tube TMTC (Toi-même tu sais) qu’on retrouvait sur Double hélice 2, mais en version version allégée, insipide.


Même chose pour ALZ (À l’aise), collaboration avec Sofiane, qui, sans être une mauvaises chanson, tombe à plat. L’agressivité, l’attitude « Dans ta face » du rappeur parisien ne se mélangent pas bien aux voix des deux belges.


L’album se conclut avec La lettre (Pt.2), qui revient sur le chemin parcouru par les rappeurs ces dernières années, le tout sur un instrumental boom-bap tout droit sorti du New-York des années 90.


Résolument plus ambitieux que ses prédécesseurs, Double hélice 3 permet aux deux rappeurs de montrer toute leur palette, adaptant parfaitement leurs flows à l’ambiance qu’ils cherchent à créer. Le manque de ligne directrice et quelques sons oubliables n’empêchent pas l’album d’être un des meilleurs que le rap francophone a eu à offrir cette année.

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