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That moment – Le pays des cons : là où l’argent pousse dans les arbres

Crédits photo: Suzane O’Neill


That moment – Le pays des cons, c’est 50 minutes passées au cœur d’une œuvre parsemée de chorégraphies libératrices et d’un cynisme à peine camouflé, où la limite du « politiquement correct » est constamment testée. À l’affiche du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 12 mars, cette pièce pleine d’audace signée par la dramaturge moldave Nicoleta Esinencu est présentée par la compagnie Théâtre de l’Opsis et mise en scène par sa cofondatrice Luce Pelletier.


Divisée en deux, la représentation commence par la récitation d’une nouvelle de Nicoleta Esinencu dans laquelle cette dernière se remémore des vacances de son enfance au bord de la mer. Un lieu de souvenirs heureux devenu inaccessible dû à une restructuration des frontières suivant la chute de l’URSS au début des années 90, privant la Moldavie de son accès à la mer Noire.


Cette première partie sert de prologue à That moment – Le pays des cons, une comédie noire qui consiste en une collection de moments décrivant avec ironie la vie d’un protagoniste corrompu par l’appât du gain. Nicoleta Esinencu y fait la satire d’une société cupide, ce fameux pays des cons contrôlé à la fois par le capitalisme et le communisme. « That moment est inspiré d’événements réels que l’autrice a juxtaposés, magnifiés, et dont elle rit par une forme de dénonciation », explique Luce Pelletier en entretien avec Le Culte.


Prestation fractionnée


Les deux textes prennent la forme de monologues récités à tour de rôle par cinq comédiens et comédiennes. « Je les ai imaginé·e·s chacun et chacune dans un petit logement soviétique grand comme ma main. Ils [et elles] sont un peu la même personne, tout en représentant des générations différentes », explique la metteuse en scène. « J’ai joué avec les âges, les grandeurs et les timbres vocaux pour donner une multitude de paroles à ce peuple moldave », ajoute-t-elle.


Le décor évoque d’ailleurs cet environnement particulier. Une toile suspendue représente un immeuble d’habitations typiques de l’Europe de l’Est. Celle-ci est surmontée d’un imposant drapeau américain faisant référence à la fascination des personnages pour ces États-Unis tantôt sauveurs, tantôt ennemis. Le scénario est d’ailleurs parsemé d’expressions anglophones exagérément débitées par les interprètes. S’y ajoutent sporadiquement d’intrigants mouvements dansés qui, selon Luce Pelletier, jouent un rôle d’humanisation. « Parce que l’autrice écrit sur le sarcasme, il est difficile de savoir ce que les personnages ressentent vraiment. J’avais besoin qu’on ait accès à leur intériorité, et c’est ce que permet la danse », précise-t-elle.


Malgré tout, la pièce souffre parfois d’un manque de contextualisation historique. Le texte d’origine a été écrit pour un auditoire moldave ayant déjà acquis des connaissances sur ce pays à l’histoire mouvementée où se mêlent des enjeux territoriaux, culturels et politiques. That moment Le pays des cons bénéficierait d’un préambule détaillant explicitement les faits dont elle s’inspire afin de permettre au public québécois d’apprécier ses références satiriques à leur juste valeur.

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