Swimming pools (Drank), un des plus gros banger des années 2010, raconte la relation compliquée qu’entretiennent Lamar et son entourage avec l’alcool. Tel un bon vin s’améliorant avec l’âge, les différentes couches de son message sophistiqué se révèlent au fil des écoutes.
Tirée de Good kid, M.a.a.d City, album autobiographique qui retrace la dix-septième année du rappeur dans son Compton natal, quartier de la banlieue de Los Angeles réputé comme l’un des plus dangereux aux États-Unis, la chanson joue dans la dualité, autant sur le fond que sur la forme.
Dès le premier couplet, King Kendrick énonce les raisons qui nous poussent tous à boire, admettant sa propre vulnérabilité: « Some people like the way it feels / Some people wanna kill their sorrows / Some people wanna fit in with the popular, that was my problem ». Le rappeur nous pose une question : Pourquoi boit-on? Puis, il donne sa réponse personnelle; il le fait pour entrer dans le moule, pour être comme les autres. Le thème du conformisme est d’ailleurs omniprésent dans l’œuvre de Lamar, comme sur The Art Of Peer Pressure, aussi tirée de GKMC. Il ne diabolise toutefois pas l’alcool, puisqu’il n’écarte pas qu’on puisse aussi boire pour la fête, pour le plaisir.
Au niveau musical, le track produit par T-Minus propose des sonorités lentes lorsque Kendrick décrit la monotonie et la répétition quasi pathétique d’enchaîner les verres. « Pour up (drank), head shot (drank), sit down (drank), stand up (drank), pass out (drank), wake up (drank), faded (drank), faded (drank) ». Puis, la mélodie décolle quand King Kendrick s’enflamme, enchaînant les rimes comme lui-seul sait le faire. « I’ma get fucked up / fillin’ up my cup / I see the crowd move ».
La frontière entre alcoolisme et consommation raisonnable est aussi trouble que nos visions après une dizaine de verres et quelques shots. K-Dot flirte avec l’autodestruction. « If I take another one down / I’ma drown in some poison, abusin’ my limit ». Mais cela lui permet de trouver l’amour, aussi éphémère soit-il. « I think that I’m feelin’ the vibe, I see the love in her eyes ». Meilleur et pire sont entrelacés, Lamar trouve le plaisir dans le vice. « Okay, now open your mind up and listen to me, Kendrick / I am your conscience, if you do not hear me / Then you will be history, Kendrick ». Sa conscience lui parle. Au fond de lui, il sait qu’il doit s’arrêter avant d’en mourir. Va-t-il l’écouter?
La réponse dans le refrain joyeux. « I got a swimming pool full of liquor and they dive in it / Pool full of liquor I’ma dive in it ». Même s’il est au courant du mal qu’il va se faire en sautant dans la piscine d’alcool, Kendrick le fait quand même, en souriant. Il va finir par se noyer, mais plus rien n’a d’importance sauf le moment présent en cette soirée bien arrosée.
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