Crédit photo: Josée Lecompte
Le Clone est triste, écrite par Olivier Morin et Guillaume Tremblay, ne déroge pas du ton décalé des pièces du Théâtre du Futur. Dans un improbable futur proche, les baby-boomers sont accusés de « crime contre la Terre » pour avoir asphyxié la planète sans se soucier des générations futures. Afin de contrevenir à l’omniprésence des baby-boomers et à leur impact sur l’environnement, deux mesures ont été prises par l’ONU : ils ont été exilés en aller simple sur la Lune et le clonage a été interdit, afin d’éviter que les baby-boomers ne se multiplient. Malgré ces initiatives, un certain Gilles Douillette – nom d’une autre époque – découvre justement qu’il est le clone d’un baby-boomer. Cinq enquêteurs mondains – le Club des Marquis – s’engagent à découvrir qui il est et pourquoi a-t-il été cloné en dépit de l’interdiction. Est-il le dernier des baby-boomers ?
Le Clone est triste est un ovni théâtral. C’est une enquête à la Scooby Doo, mélangée au genre des romans d’Agatha Christie, aux élocutions du théâtre mondain, au rythme des opéras rock et à l’absurdité de Dans une galaxie près de chez vous.
La mise en scène est pour le moins extravagante et loufoque. Aucun interprète n’est défini comme Gilles Douillette – le personnage principal. Ce sont les cinq interprètes du Club des Marquis qui jouent son rôle en alternance sans jamais modifier leur apparence. Malgré que cela puisse sembler difficile à suivre sur papier, l’ensemble est clair et fournit bien le ton décalé de la trame narrative. Poussant la mise en scène déjantée plus loin, la musique live ironise le schéma narratif. Les enquêteurs du Club des Marquis s’adonnent à des chansons et des danses saugrenues au milieu de leur enquête pour aucune raison particulière autre que de faire rire le public. Le quintette s’adonne également à briser le quatrième mur, que ce soit en faisant des apartés au public ou en orchestrant une « pause pipi » pour les acteurs, question de déroger davantage des codes du théâtre conventionnel.
Le Clone est triste déconstruit un genre théâtral shakespearien révolu et malmène avec un plaisir presque jouissif les codes du genre policier.
L’ensemble est hilarant. Le public rit des premières minutes de la représentation aux dernières. Amalgamant à merveille les références des baby-boomers à celle du futur – un hommage à Beau Dommage, une pièce de théâtre de Joël Le Bigot et le partage de données entre cerveaux, notamment – Le Clone est triste est absurde, déroutant et désopilant. Malgré certaines longueurs dans les dernières minutes et des moments qui peuvent être durs à comprendre compte tenu de la mise en scène déjantée, la pièce demeure du pur divertissement. En m’asseyant dans la salle du Théâtre aux Écuries, je m’attendais à tout, sauf à ce que je m’apprêtais à voir. Et je n’ai pas été déçue.
Le Clone est triste est présenté au Théâtre aux Écuries jusqu’au 16 février. Ce sera assurément ma suggestion culturelle du mois de février !
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