Crédit photo: Patrick Simard
Les acteurs Andréane Leclerc et Dany Desjardins poussent leurs corps à la limite dans Sang Bleu.
À l’arrière de la scène du Théâtre Lachapelle est suspendu un rideau blanc. Une mélodie latine débute, deux ombres valsent derrière celui-ci quelques secondes, pour ensuite disparaître.
Un homme et une femme, cette fois de chair et d’os, entrent en scène, ils s’accroupissent au sol et rampent dans des filets noirs jusqu’à l’avant de la scène. Au fil de leur avancée, les deux personnages enlèvent leurs habillements et se dénudent quasi complètement, ne conservant que quelques fleurs artificielles sur leur corps. Puis, ils escaladent quelques sièges vides, où étaient placées des affiches “siège réservé” avant le spectacle.
Les acteurs sont à seulement quelques centimètres des spectateurs assis à la rangée suivante. Ils les fixent intensément. Le public perplexe ne sait comment réagir. C’est alors qu’une expression de terreur déforme le visage de l’homme, il se met à reculer pendant que la femme bouge autour de lui. Il est soudain pris de convulsions et s’écroule. S’en suit une série de mouvements où l’actrice tente de redonner la vie à son acolyte, faisant preuve d’une force physique impressionnante lorsqu’elle le soulève.
Après quelques minutes, le personnage joué par Dany Desjardins revient à la vie. Mais c’est au tour de sa compagne, incarnée par Andréane Leclerc, de s’effondrer. Il la laisse de côté et va chercher une pomme grenade qu’il commence à manger frénétiquement. Il continue son manège et s’approche du corps inerte qui l’accompagne. Du jus de fruits couvre le couple, l’acteur massant sa partenaire immobile. Soudainement, les interprètes se lèvent et enchaînent acrobaties et pas de danse rapides.
Finalement, les danseurs s’immobilisent et rampent vers le côté droit de l’avant-scène, où sont postés trois puissants projecteurs. Ils s’abreuvent d’une substance visqueuse translucide pendant quelques secondes, puis les lumières s’éteignent. Tonnerre d’applaudissements.
La trame sonore évolue tout au long des 50 minutes que dure la représentation, s’adaptant aux mouvements des danseurs. Débutant par une simple guitare acoustique, elle tend vers des sonorités électroniques, interrompues sporadiquement, lorsque les gestes sont plus éclectiques. À partir d’environ la moitié de la pièce, ce sont plutôt des sons naturels qui comblent l’ambiance sonore, tels le vent ou des vagues, auxquels est ajouté le bruit d’une respiration humaine.
Andréane Leclerc et Dany Desjardins offrent une performance qui tient du tour de force, leurs degré d’intensité étant toujours au maximum. Déjà complices sur la création Mange-Moi (2014-2015), leur chimie est évidente. Ils réussissent à accomplir des acrobaties impressionnantes, comme quand Desjardins monte à pieds joints sur la poitrine de sa partenaire, ce qui fait s’exclamer quelques spectateurs.
Sans que la présence de dialogues soit nécessaire, il aurait été intéressant de trouver un plus grand fil conducteur entre les idées intéressantes qui sont amenées à la vie dans cette pièce. Elle déborde d’éléments renversants, mais aurait profité de l’apport d’une trame narrative plus explicite.
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