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Photo du rédacteurMia Pibarot

Maison molle : amalgames de tissus

Crédits photo: Mia Pibarot. Artiste: DAMIEN AJAVON Sans titre, (2020).


Jusqu’au 10 octobre, les spacieuses galeries baignées de lumière du centre d’art Le Livart ont abrité l’exposition Maison Molle. Dans cet espace alliant architectures anciennes et modernes, on définit la notion d’établissement artistique comme une maison pour les œuvres, revisitant la place de l’artisanat dans les galeries.


Maison Molle redonne à l’artisanat une place de choix en présentant les œuvres riches en textures et en couleurs de dix artistes rassemblé·e·s par l’utilisation du textile. Les pièces ont été sélectionnées et agencées par Alice Ricciardi, commissaire de l’exposition. « L’établissement artistique a souvent des barrières assez claires entre l’art et l’artisanat. Certaines personnes qui participent à l’exposition se considèrent comme artisans, mais n’aiment pas la distinction entre les deux. Nous voulions donc mettre de l’avant l’idée de la souplesse, de la mollesse de ce concept de maison », explique-t-elle en entrevue avec Le Culte.


Dès le début de la visite, le regard se trouve inexorablement attiré par les tressages de jacquard colorés suspendus sur l’âtre antique, qui contrastent avec la blancheur des lattes de bois peintes. Les fibres se nouent et se dénouent, s’unissent et se divisent en un motif influencé par l’héritage africain de l’artiste Damien Ajavon, avec qui la commissaire a étroitement collaboré dès les premières ébauches de l’exposition.


Bien que la tradition muséale interdît de toucher les œuvres, les visiteurs et visiteuses n’ont pas eu à se sentir coupables lorsqu’invité·e·s à manipuler la lourde étoffe de The Leftovers of the Sword, œuvre de l’artiste visuel Patil Tchilinguirian. Inspirée des vêtements traditionnels arméniens, celle-ci émet, sous une légère pression des doigts, des effets sonores évoquant le passé tragique de ce peuple. Une expérience bouleversante et intime accentuée par ses qualités multisensorielles.


Une autre œuvre interactive est exhibée dans le carnet de tissus de l’artiste Béatrice Montesinos. On feuillette ce dernier pour y découvrir un conte naïf fait de gribouillis et de textes d’enfants. La texture des broderies ramène à cette matérialité centrale à la pratique artistique. Mme Ricciardi insiste d’ailleurs sur le processus de fabrication manuelle, qui, pour elle, oblige à prendre le temps de réfléchir et se plonger dans sa « maison intérieure ».


Dans la plus vaste salle, à l’arrière du bâtiment, se trouvent de multiples tissages ingénieusement disposés de façon à ce qu’ils interagissent avec la structure de la pièce. Certains évoquent des scènes urbaines où chaque point brodé devient une demeure. D’autres, des paysages champêtres dont les enchevêtrements de fils révèlent les détails de vallées verdoyantes.


La pluralité des méthodes qui ont l’utilisation du textile en commun témoigne de la surprenante variété qu’offre cette forme d’art souvent négligée. S’agirait-il d’un huitième art oublié, historiquement relégué au statut de pratique domestique, qui retrouverait sa juste place à travers Maison molle?


C’est un mois de résidence haut en couleur qui s’achève au 3980, rue Saint-Denis. Outre les artistes mentionné·e·s plus haut, l’exposition regroupe le travail de Sophia Borowska, Alice Dufour, Colas Eko, Danica Olders, Hélène Pecqueur, Elisabeth Perrault et Olivia Pradel.

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