Angine de poitrine, liturgie d’une danse sanguine
- Allyson Caron-Pelletier

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À l’occasion du festival M pour Montréal, le duo Angine de poitrine a, encore une fois, séduit les adeptes de rock expérimental avec une performance déjantée au Ausgang Plaza le 21 novembre. Patche a également rejoint le bal de cette soirée pour enivrer les intéressé·es.

La formation saguenéenne entre sur scène avec une présence cérémoniale. Une par une, des mains formées en triangle (symbole du groupe) s’élèvent et franchissent l’obscurité de la foule. Une aura mystique émane de la salle et donne l’impression de faire partie d’un rituel.
Les disciples ont offert leur grâce et sont maintenant prêts à festoyer. C’est parti pour un 45 minutes de rock microtonal exaltant, trame sonore par excellence de mosh pit.

Contraction d’un cœur en transe
L’univers artistique de Klec et Khn, les deux personnages derrière Angine de Poitrine, est fascinant. Sous leurs costumes à pois extravagants et leurs nez imposants se cachent deux musiciens en parfaite maîtrise de leur art.
L’intensité de la rythmique prend d’assaut la foule qui peine à se contenir : le cœur ne sait plus où donner de la tête, angine, est-ce toi ?
Mis à part quelques cris ici et là, leurs morceaux sont instrumentals. Toute la place est réservée aux riffs de guitare déjantés et à la batterie explosive, comme sur leur chanson la plus connue, Sherpa. Le duo créatif signe également leur performance avec l’introduction de leur tout dernier titre, Mata Zyklek.

Rock progressif des années 70, groove, microtonalité : leur premier album sorti en juin 2024, Vol.1, propose des compositions qui décoiffent avec des sonorités aux influences larges, comme King Gizzard and the Lizard Wizard ou encore de Frank Zappa.
Dissimulée sous l’anonymat, la virtuosité des deux artistes n’est toutefois pas méconnue des amateurs de musique, puisqu’ils font partie d’autres formations. Leur récent projet est peut-être un nouveau joueur dans le paysage québécois, mais Angine de Poitrine gagne des partisans et des partisanes à chaque nouvelle note.

Patche, euphoriquement vôtre
C’est ensuite au tour du collectif Patche d’attiser le public. Celui-ci est moins réceptif et se rétrécit au fil des chansons, faute d’un niveau sonore démesurément fort. Certains restent toutefois fidèles face à l’œuvre musicale, qui est un ingénieux cocktail techno et de krautrock (expression ironique pour désigner le rock expérimental et psychédélique allemand).
Nul besoin de préciser l’aisance et le talent manifeste des artistes sur scène, tous dans leur élément. Le groupe réunit les grands noms de la musique montréalaise du moment : JB Pinard et Eliott Durocher Bundock aux synthés modulaires et au mixage, Lévy Bourbonnais à l’harmonica, Étienne Dupré à la basse et Mandela Coupal-Dalgleish à la batterie.

Patche offre aux spectateurs et spectatrices des pistes toutes fraîches tirées de leur disque Mode, sorti le 17 octobre dernier.
Malgré un léger manque d’interaction avec le public, l’amitié palpable entre les musiciens apporte une convivialité qui rassemble les passionné.es et brise la supériorité de la scène. Tout le monde tourbillonne les yeux fermés, asservi au rythme magnétique. L’effet euphorisant souhaité par Patche est assuré.












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