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La Licorne nous gâte avec Ulster American

Crédits photo: Thanh Pham


Les actrices et acteurs Lauren Hartley, Frédéric Blanchette et David Boutin revisitent la pièce prisée Ulster American de la mi-octobre à la mi-novembre sur les planches du Théâtre La Licorne, dans sa toute première version française.


Éparpillés dans la salle, les éclats de rire sont frénétiques, mais étouffés d’une retenue polie. D’entrée de jeu, les membres de l’auditoire se regardent, surpris d’une condescendance rarement dépeinte avec autant de franchise. Sur scène, les discours misogynes et emphatiques pleuvent. Le public semble chercher un allié qui lui serait réconfortant parmi les personnages, mais sans grand succès.


Ulster American, c’est l’histoire d’un metteur en scène anglais qui invite à son appartement londonien un acteur oscarisé et une jeune dramaturge irlandaise. La rencontre a lieu la veille du début des répétitions pour une pièce qui pourrait changer le monde du théâtre irlandais. La soirée est pourtant loin de se dérouler comme prévu.


Rire jaune de sujets délicats


La légèreté avec laquelle les thèmes crus sont abordés est déconcertante. On y négocie les lignes entre le politiquement correct et l’inacceptable, le féminisme et la rhétorique opportuniste, les Anglais et les Irlandais. Bref, les personnages se livrent à une bataille d’idéaux et leur manière de combattre reste inventive du début à la fin de la pièce.


Les dialogues tissés avec intelligence témoignent du talent du traducteur d’Ulster American François Archambault. En effet, les répliques erratiques nous font oublier, par moments, que la pièce se déroule à Londres ; une perception qui disparaît dès qu’un personnage répète son accent irlandais en français. En revanche, certains de ces passages font de l’ombre à la nature poignante du texte. L’interprétation brillante des comédiens et comédiennes parvient tout de même à excuser ces maladresses.


Entre identité et identification


L’auteur du texte original, David Ireland, est né dans une famille unioniste de Belfast. Il est notamment reconnu pour ses textes satiriques, mais aussi pour sa manière unique d’aborder le rapport entre l’identité et le sentiment d’appartenance. C’est un thème récurrent dans cette pièce de 2018 qui touche de près les peuples irlandais et québécois.


Les affiches d’un certain « Unicorn Theater » sur les murs du décor annoncent une mise en abyme aguichante dès l’entrée en salle. C’est cependant le seul élément de proximité que la mise en scène accorde. Une adaptation d’ici, avec des référents québécois, aurait définitivement eu un grand succès.


Généreuse, Ulster American fait réfléchir. Elle dérange, tout en s’assurant de désamorcer sa fatalité par le rire. Ce serait un euphémisme de dire que cette pièce est à ne pas manquer cet automne.


La pièce Ulster American, traduite par François Archambault et mise en scène par Maxime Dénommée, est présentée à la salle Grande Licorne du Théâtre jusqu’au 13 novembre.

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