Le Moyen-Orient est souvent associé à la violence, mais les gens qui y vivent affichent une résilience hors du commun, a soutenu Leila Zelli, une artiste d’origine iranienne, lors d’une conférence donnée le 12 février à la galerie de l’UQAM.
Durant son enfance à Téhéran, Mme Zelli a vécu le conflit qui a opposé l’Iran et l’Irak de 1980 à 1988. « On entendait les bombardements et tout, mais je n’ai jamais vécu dans une ville en ruines », a confié l’auteure de Terrains de jeu, une exposition consacrée à la vie quotidienne en zone de guerre. Malgré les tensions, elle a toujours mené une vie normale.
« Dans mon travail, j’aime montrer les paradoxes de vie », a souligné l’artiste. À travers son expérience de la guerre, la jeune femme analyse des documentaires sur les conflits armés pour en faire ressortir des scènes du quotidien. Selon elle, ce procédé permet de changer la perception occidentale influencée par la couverture sensationnaliste des médias.
Dans plusieurs de ses œuvres, Mme Zelli joue avec l’imagination de ses spectateurs en cachant volontairement certaines séquences de ses œuvres. Elle accompagne le tout en faisant jouer un enregistrement d’enfants qui s’amusent dans un camp de réfugiés.
« Ce que le public ne sait pas, c’est que dans les camps de réfugiés, certaines jeunes filles jouent pour la première fois à l’extérieur, car la religion dans leur pays d’origine leur interdisait de le faire », a-t-elle expliqué.
Lauréate du prix du public au 36ème symposium de Baie-St-Paul de cet été et de la résidence Empreintes 2019 du musée des Beaux-Arts de Montréal, Mme Zelli commence à avoir une certaine renommée, dans le milieu des arts visuels. Ses œuvres vidéo s’ancrent dans leur milieu et touche le public par les contrastes qu’elles présentent.
« Leila abordait des thématiques par rapport à ses origines à elle qui n’étaient pas nécessairement faciles », a expliqué Frédérique Renaud, conservatrice et éducatrice au musée d’art contemporain de Baie-St-Paul. Selon elle, la relation originale qu’a établie Mme Zelli entre l’image, le jeu et le propos politique a permis au public de mieux comprendre certains enjeux tout en ouvrant une réflexion sur sa perception des conflits armés.
« Pour moi, l’art ne change pas le monde. Il change du monde », a affirmé Mme Zelli. Elle espère que son travail permettra de changer la perception du public par rapport à certaines réalités qui l’entourent.
La galerie de l’UQAM exposera Terrains de jeu jusqu’au 23 février.
댓글