Le 30 octobre dernier marquait le départ du nouveau one-man show de Maxim Martin, un 5ème en 30 ans de carrière. C’est au Monument National que s’est déroulée la première montréalaise de Fuckoff. Ce grand moment devant amis, collègues, famille et médias s’est présenté comme l’aboutissement de réflexions sur l’autodérision à l’ère du numérique et du politiquement correct.
L’humoriste est monté sur scène l’air décontracté et heureux d’être là. L’homme s’assume plus, mais il n’en reste pas moins toujours aussi cru. Sexe, porno, intelligence artificielle : si ces sujets sont loin d’être nouveaux, Maxim Martin n’hésite pas à leur donner sa propre saveur, au risque d’écorcher les oreilles sensibles. Point fort, il ne tombe pas dans les pièges des sketchs trop souvent refaits sur l’insipidité des médias sociaux. Il les mentionne et en rit, certes, mais n’en fait pas le sujet principal d’un numéro. Il n’en parle qu’au travers de certaines blagues, et c’est amplement suffisant. De par la façon qu’a l’humoriste d’aborder le quotidien, on a l’impression qu’il ne fait que discuter avec son public. Il nous a avoué avoir vu une vidéo d’un orignal dans un Wal-Mart et comment son sauveur lui a fait remettre en question sa virilité, il nous a aussi raconté s’être chicané avec Siri, mais, surprise, ce n’était pas le cœur de son gag.
Celui qui a soufflé ses 50 bougies en septembre dernier ne s’en est pas pris qu’aux milléniaux non plus. L’humoriste comprend que les générations d’avant n’étaient pas parfaites et que les prochaines ne le seront pas non plus, mais demeure critique de la génération actuelle, à son avis trop emmitouflée dans de la ouate, trop sensible et trop prompte à parler de censure. (Pourtant, c’est quand bien même les baby-boomers qui les ont élevés, ces enfants là..! Mais c’est ça aussi, l’autodérision.) Il réussit donc à bien doser passé, présent et futur. C’est l’histoire d’un bon gars, voyez-vous, qui a acquis de l’expérience…
Intituler son spectacle Fuckoff, mot anglais et vulgaire, c’est un choix qu’il faut assumer pleinement et c’est ce que dégage Maxim Martin sur scène. Son franc-parler et sa transparence nous lancent des gros tabous, des vieux comme des plus actuels, en pleine face. Le tout est humblement pigmenté de clins d’œil à sa famille, à son passé de consommation et à sa nouvelle addiction, les marathons Ironman. Certains diront que ce n’est rien de nouveau – et tant mieux, il a eu l’humilité de ne pas prétendre s’éloigner de sa zone de confort. Malgré quelques petites inégalités ici et là, il a su bien lier ses gags entre eux : son contrat est dûment rempli. La recette de Maxim Martin fonctionne encore et lui permet de puncher avec autant de force. Bref, son spectacle lui va comme un gant.
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