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Fairfly : dur atterrissage



La pièce Fairfly de Joan Yago García raconte l’histoire de quatre collègues de travail et amis qui, faisant face à leur potentiel licenciement, décident de se lancer conjointement dans un projet hors du commun.


L’auteur espagnol, qui, comme on peut lire dans le programme de la pièce, « s’inscrit dans une nouvelle génération de dramaturges renouant avec la critique sociale », aborde dans ce drame déguisé en comédie le cycle destructeur du monde des affaires. Son discours : nous sommes condamnés à vendre notre âme (en l’occurrence, nos idéaux) pour survivre dans ce bassin de requins. Et l’amitié et les affaires ne font pas bon ménage.

C’est avec aisance et une évidente complicité que les comédiens se lancent la balle sur scène. On sent qu’ils donnent tout, malgré l’absence d’un public dans la salle. Difficile de dire s’il s’agit du texte, du jeu des comédiens ou du fait qu’on assiste à une captation vidéo, ce qui amplifie nécessairement le jeu, mais certaines montées dramatiques apparaissent toutefois un peu démesurées, frôlant l’exagération. Les transitions émotionnelles des comédiens manquent de nuances par moment, les tensions sur scène se développant trop rapidement. On remarque, par exemple, le jeu quelque peu excessif de Simon Lacroix, qui joue Simon, dont les pics colériques deviennent éventuellement caricaturaux.


La mise en scène rythmée de Richard Soler Mallol rend justice à un texte voulant vraisemblablement se rapprocher du réel dans le langage parlé des personnages. Ainsi, les échanges sont dynamiques et fluides ; on a l’impression d’être le témoin silencieux des moments que les quatre amis passent ensemble. La pièce, construite comme une boucle, est un véritable crescendo nous montrant l’ascension et la descente d’un projet qui vient chercher les personnages aux extrêmes de leurs émotions. Les nombreuses ellipses, quoique pertinentes dans l’évolution de l’histoire, font toutefois décrocher le spectateur. On perd ainsi l’instant intime qu’on partageait plus tôt avec le groupe d’amis : les situations et les personnages changent, bien que cette progression ne soit pas montrée. En somme, après un début prometteur, Fairfly s’accélère comme un étourdissant manège dont le spectateur finit par vouloir descendre.


Fairfly est disponible en webdiffusion sur le site du Théâtre de la Licorne du 10 novembre au 12 décembre.

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