Crédit photo: Frédéric Chais
Elle arrive sur une scène éclairée au néon et s’assoit sur un haut-parleur. Des bruits sourds retentissent. Elle pose un magnétophone sur son torse et ouvre la bouche. Les bruits se synchronisent avec son rythme cardiaque. C’est la genèse d’une allégorie qui raconte l’histoire de l’épopée humaine.
C’est à La Chapelle que nous assistons, parfois fascinés, parfois perdus, à l’évolution de Maria Kefirova dans sa performance intitulée The Nutcracker. Grâce à l’expérimentation sonore, elle transporte son public dans différents stades de la construction de la psyché humaine.
Pour se faire, elle joue avec les concepts d’intériorité et d’extériorité. En effet, Maria Kefirova invite son public dans son intimité en plaçant des microphones sur son ventre, faisant référence à la maternité, et le repousse violemment en créant des environnements sonores avec des bruits fort désagréables. Elle provoque un malaise chez le spectateur en accrochant un haut-parleur à une corde et en le faisant tournoyer sur scène, tout en continuant de diffuser ces sons.
Tous ces mouvements semblent faire écho à l’enfant qui grandit, lui qui est hyper dépendant de son milieu et qui finit par le rejeter, à l’adolescence.
Kefirova nous dit aussi de repousser nos limites. En posant des noix de Grenoble à chaque extrémité de son corps, elle montre que c’est nous qui nous imposons nos propres barrières. Elle enfile ensuite des talons hauts et suit les consignes dictées par un haut-parleur suspendu, vacillant légèrement, au centre de la scène.
Soudain, la voix se tait et elle se met à briser les noix avec ses chaussures. À travers ce geste, la danseuse nous dit qu’il faut parfois ignorer notre conscience qui peut souvent nous freiner dans nos projets.
La performance se clôt avec une pièce de musique latine. La danseuse suit le rythme en dansant un tango étrange avec le haut-parleur pendant plusieurs minutes, alors que la lumière se tamise lentement.
Cette chorégraphie montre qu’après la souffrance et l’incompréhension vient l’épanouissement. Tout ce que nous avons vécu durant la danse de Kefirova se résout par un élément clair et tangible, comme la vie adulte, quand le bourgeon éclot pour basculer vers le beau et le concret.
Bref, The Nutcracker nous transporte dans une incompréhension dense qui finit par s’éclaircir au fil de l’évolution de Maria Kefirova. Elle sera jouée du 12 au 14 novembre à La Chapelle.
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