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Au boute du rien pantoute, au cœur d’un esprit qui envoûte

Le documentaire Au boute du rien pantoute, la première réalisation de Jérôme Sabourin, est  à l’affiche dans les cinémas québécois depuis le 15 mars 2024. Le long-métrage, qui jongle entre réalité et fiction, offre une porte d’entrée dans la psyché de Marcel Sabourin, figure emblématique du cinéma québécois.



Reconnu comme directeur de la photographie pour des productions comme Les pays d’en haut, Jérôme Sabourin œuvre pour la première fois à titre de réalisateur et de directeur photo avec Au boute du rien pantoute. Le film a d’ailleurs été sélectionné pour clôturer les 42e Rendez-vous Québec Cinéma. 


Fier défenseur de l’écriture automatique, Marcel Sabourin collecte chaque matin depuis la fin des années 50 ses réflexions, idées et rêves sur son magnétophone à cassettes. À travers une sélection d’enregistrements, Jérôme Sabourin propose un regard intime et poétique sur la vie de son père, loin de la biographie conventionnelle et chronologique. Un hommage à un homme, un artiste, un père, un époux et un ami. 


Un protagoniste aimé et aimant


À l’aube de ses 89 ans, le personnage est encore émerveillé par la vie, autant par les grandes choses que par celles qui sont microscopiques et qu’il observe grâce à ses jumelles. Nul besoin de connaître Marcel Sabourin pour s’attacher rapidement à l’univers qu’il interprète en toute humilité et vulnérabilité. 


Père et fils invitent le public à contempler l’absurdité de la vie, du vide et de l’éternité. À apprécier, la prouesse des mots et l’art de l’improvisation. 


Plusieurs grands artistes dont Robert Charlebois, Denys Arcand et Michel Rivard apparaissent dans le film pour raconter des fragments de leur amitié avec Sabourin. L’homme au centre de l’œuvre s’ouvre aussi sur la femme qui a conquis son cœur dans leur vingtaine. « J’étais un peu fou, mais il y avait [Françoise], mon ancre », confie le protagoniste.





La signature Sabourin


La temporalité est un élément saillant dans le documentaire. L’utilisation constante et habile d’archives remet en vie des moments marquants de la vie de Sabourin et du cinéma québécois, en plus d’agir sur la trame narrative et visuelle de l'œuvre. Parmi ces archives se dévoilent notamment les films La maudite galette (1972) et J.A. Martin, photographe (1977), puis des photographies familiales. 


Les transitions entre les différents lieux et époques sont remplies de douceurs, révélant un tournage de longue haleine dont témoigne le visage vieillissant de Sabourin. Le personnage porte divers costumes, allant de la robe de chambre au manteau de fourrure. 


L’esthétique de la pellicule témoigne du regard photographique sensible et ingénieux de Jérôme Sabourin. Une attention particulière est portée à l’architecture et à la nature, avec des images texturées et harmonieuses. 


Les quelques effets de postproductions ajoutent une touche unique et charmante à l'œuvre. En particulier la scène où les cristaux de neige tombés retournent vers le ciel, alors que le protagoniste déambule au cœur du cimetière du Père-Lachaise à Paris. Un cinéma savoureusement digne des Sabourin. 


La mélodie du « rien pantoute »


La musique originale de Nicolas Maranda et la conception sonore de Mélanie Gauthier sont en complète osmose avec le récit, sans oublier le chant grégorien Memorare interprété par le chœur des moines de l’Abbaye de St-Benoît-du-Lac, un des somptueux lieux de tournage. 


En supplément, le documentaire est accompagné de certains classiques de Robert Charlebois comme Tout écartillé, Ordinaire, Les Ouaouarons et Fu Man Chu Chu D’dans Fu Ma, certains écrits par nul autre que Marcel Sabourin.      


Avec une durée de 90 minutes seulement, Au boute du rien pantoute deviendra assurément un objet culturel précieux par son caractère transcendant, mais aussi par son témoignage d’une grande partie de l’histoire de la nation québécoise.  


Crédit photos : Jérôme Sabourin, Les Films du 3 Mars

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