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À en faire rire Baudelaire

Du 16 février au 18 mars, l’humoriste Philippe-Audrey Larrue-Saint-Jacques a tenu 12 représentations de son nouveau spectacle Enfant du siècle au Gesù, dans le Quartier des spectacles. À travers un humour intellectuel et complexe, l’artiste a partagé avec le public ses réflexions sur le couple, son enfance et le temps, sous de constants éclats de rire de la salle.

Un code vestimentaire strict, une ambiance florale, de la musique classique et de la poésie : voici comment l’humoriste décrivait à ses amis son anniversaire de rêve.


Cette mise en scène servira finalement de décor à son deuxième spectacle, sur une scène parfaitement adaptée à l’univers singulier de Philippe-Audrey Larrue-Saint-Jacques.

Le titre de sa nouvelle création est tiré du roman classique de 1836 d’Alfred de Musset, La confession d’un enfant du siècle.


Il n’y en a pas deux comme lui

Alors que la vulgarité et la grossièreté apparaissent comme des options faciles dans le milieu actuel de l’humour, Larrue-Saint-Jacques se détache de cette tendance en proposant un texte étoffé et parsemé de références des siècles derniers : Georges Brassens, William Shakespeare, Victor Hugo ou encore Blaise Pascal sont entre autres cités par l’humoriste au cours de la soirée.

Cette riche culture littéraire le distingue dans la sphère humoristique du Québec et constitue l’attrait le plus marquant et attachant de son personnage.


« Né en 1987 avec trois siècles de retard, Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques aurait souhaité que sa naissance fût annoncée par un décret royal », peut-on lire sur le site internet de l’humoriste.

Pour ne pas perdre son auditoire, l’artiste n’hésite toutefois pas à orienter de temps à autre son texte vers une culture plus populaire, en faisant par exemple des références au mouvement Flash tes lumières! de Jean-Marc Parent ou à la populaire chanson de Star Académie Et c’est pas fini.


Raffiné, mais aussi accessible

Habillé à la manière d’un aristocrate, l’ancien comédien de Like-moi! explique dans Enfant du siècle que son bagage tient de son éducation hors-norme. « Je suis né dans les musées, j’ai été forgé à même l’ennui », plaisante d’emblée l’humoriste.


L’autodérision face à son enfance atypique constitue l’un des segments forts du spectacle : Philippe-Audrey Larrue-Saint-Jacques explique qu’il lisait dès son plus jeune âge du Alfred de Musset pour confronter son père et qu’il voyageait avec sa famille en Europe, seulement pour y visiter ses plus belles cathédrales.


En explorant sa différence, l’humoriste dénonce l’intimidation et le rejet qu’il a vécu par le passé avec une pointe d’humour (« Il n’y a pas de Keven – son intimidateur – dans la salle? C’est bon, on est entre personnes éduquées »), mais avec une amertume tout de même palpable.


Si la majorité d’Enfant du siècle s’attarde sur sa différence et sa riche culture, Larrue-Saint-Jacques ose néanmoins s’aventurer dans un humour plus trash. Racontant un rendez-vous galant à Auschwitz, un test qu’il a passé en ligne mesurant son degré d’autisme ou encore des soirées quelque peu douteuses avec son prêtre local, l’artiste aura sans doute pu également ravir les amateurs et amatrices d’humour noir.


Une double formation remarquée

Philippe-Audrey Larrue-Saint-Jacques est diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Montréal depuis 2010 et de l’École nationale de l’humour depuis 2014.


Bien que son spectacle soit essentiellement constitué d’un texte humoristique, sa formation de comédien ajoute un agréable bonus aux 90 minutes passées en sa présence.


Son imitation de l’accent français du maître d’hôtel parisien fantasmant sur les restaurants Cora a laissé la salle du Gesù complètement hilare, et son interprétation du personnage de Turbo, expliquant à un Philippe-Audrey âgé d’à peine 18 ans le sens du temps et de la richesse, aura fait réfléchir plus d’un et d’une après la représentation.


Un spectacle poétique

À l’aise sur scène et récitant son texte sans faute, il était pourtant compliqué de suivre Larrue-Saint-Jacques dans certains segments de son spectacle. Entre ses références nichées et son débit rapide, l’humoriste exagérait son personnage, caricaturant un registre soutenu («concubine» pour qualifier sa copine, «question de festivités» à la place de faire l’amour), mais n’altérant pas le charme de ce dernier.


Philippe-Audrey Larrue-Saint-Jacques est différent, et il le sait : absolument rien ne le lie à ces «hommes de peu de mots», «ces bacheliers de l’existence», et c’est ce qui le rend si unique.


Photos fournies par Aurélie Lescafette


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