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Yannick L’ongtin: L’insoulevable lourdeur de l’être



20 Janvier 2017. Bangkok. Nous sommes environ une vingtaine de Québécois à boire de la bière au Bangkok Poutine, restaurant d’Onicha, compagne du fameux globetrotter-auteur-humoriste Bruno Blanchet. Parmi ce groupe de voyageurs cherchant un p’tit bout de réconfort à l’autre bout du monde, se trouve Yanick L’ongtin. Sur Facebook, il écrit à propos d’un peu tout: échanges culturels, consommation de drogue, anecdote de brosse, prostitution, idées suicidaires… Bref, sur l’absurdité d’exister.


Je l’ai contacté un an après notre première rencontre pour en apprendre plus sur sa démarche d’écriture et pour faire le point sur sa vie depuis qu’il s’est exilé en Asie.


Où en étais tu avant de partir? Tu as mentionné dans certains de tes textes que ça se limitait à fumer des battes, à lire, à regarder des séries, à boire et à jouer au PlayStation. C’était si pire que ça? Pas mon époque la plus glorieuse. Pourri dans un demi sous-sol coin Beaubien / De Lorimier. Trop pissou to live. Trop pissou to die. J’me la jouerai pas namasté, faire semblant que j’ai trouvé le sens d’la vie depuis que j’suis parti, mais mettons que ma vie fait crissement plus de sens.

Même si la vie en Asie du Sud-Est est abordable, voyager pendant plus d’une année, ça coûte cher.  Comment as-tu réussi à amasser l’argent? Un blend de deux ans intenses de travail à LG-2 [barrage hydroélectrique du nord du Québec], d’être à la tête du cartel du weed à la Baie James (lol) et de l’héritage de mon père. J’avais le choix de settle down ou de partir. J’ai choisi de partir. Et quelle est la rencontre qui t’a le plus marqué depuis que tu es parti? Y’en a mille, mais Bruno Blanchet à Bangkok. Fun fact: avant de partir ma mère m’avait suggéré de lui écrire sur Internet pour avoir des conseils; c’mon mom c’pas d’même ça marche. Ben crisse me v’la assis à une table en jasant ben casual du Cambodge au d’ssus d’une poutine en Thaïlande. C’était juste unreal. Also, Pinto avec qui je jouais au makruk [jeu d’échecs thaï] tous les après-midi sur la plage à Koh Samui. Linda la thug qui pètait la yeule des filles qui me parlaient. Y’en a mille tu sais ben.



En tant qu’auteur, tu abordes des sujets assez tabous, qui souvent te concernent au plus haut point. Est-ce que ça a été dur de te livrer au départ? Est-ce que ce l’est encore? Du tout dur. Plus jeune j’étais plutôt shady. Du genre à inventer que j’avais sauté en parachute parce que ça fittait dans une conversation. Incapable d’accepter mes torts, décidé d’acheter du karma en étant transparent. Dire les affaires comme elles sont. Je le fais sans forcer sans honte no ragrets, not even a single letter. Certains l’apprécient, d’autres me méprisent, y’a pas de in between. Parlant de prostitution, tu écris souvent à propos des lady bars, ces bars conçus pour faciliter la rencontre de prostituées. Comment est-ce que l’Asie a changé ta vision de la pratique? Mon opinion est en constante mutation, j’en aurais long à dire. La réalité n’est pas la même que dins pays d’l’ouest, ici la business est abondante et dans ta face. Sans élaborer je dirais que j’ai compris que c’est un emploi à part entière. Qui mérite le respect et la sécurité. Des travailleurs du sexe se font assassiner, scammer par la police. Oui ça arrive. Des clients se font voler pis pitcher en bas d’leurs balcons, ça aussi ça arrive. De l’autre côté des ladies qui m’ont dit qu’y se faisaient mieux traiter par leurs clients que par leurs chums. Des ladies avec qui j’ai eu des relations stables, ou amicales, ou sexuelles passionnelles. J’essaie de dire que c’est ni blanc ni noir, c’t’une zone grise comme qu’y’appellent I guess.


Tu as pris des dizaines de photos un peu partout avec une pancarte grandeur nature du chef québécois Louis-François Marcotte. D’où t’est venue l’idée? J’ai en fait 28 Go de fichiers raw à une cinquantaine d’emplacements de Montréal au Vietnam avec mon Louis-François en carton. C’est parti dans un Métro de Verdun. J’ai vu la pancarte dans la section des pains pis j’me suis dit: « One day it will be mine ». J’ai essayé de soudoyer un commis pour qu’il me la sorte back-store pour 10 piasses, y’a pas voulu. J’suis allé voir la gérante en disant que j’en avais besoin « pour un travail d’école ». Elle a pris mes coordonnées, j’pensais jamais avoir de nouvelles ben franchement. Deux-trois mois plus tard je reçois un appel: coudonc c’est Line Boucher du Métro d’Verdun qui veut que j’vienne chercher mon paper Marcotte. Pis le reste est history.


Ton pays préféré d’Asie jusqu’à maintenant? Laos, hands down. J’aurais pu dire Thaïlande si c’tait pas de leur obsession pour le roi pis leur weed de marde. J’aurais pu dire Cambodge si c’tait pas du pays qui essaye de te scammer dès le premier agent d’la border que tu rencontres. Le Laos pour les landscapes pis la vibe. Quels sont tes plans à court et moyen terme? As-tu une date de retour? Well, terminer la rédaction de mon premier livre entamé à Montréal. Dévoiler un projet photo sur lequel je travaille partiellement fort. Sinon, ouvrir une shop en Asie — microbrasserie je sais pas — est un rêve que je caresse et masturbe énormément en ce moment.


Est-ce que tu peux me parler de ton livre un peu? Il répond au nom de « La Vie t’est-ce tu ». L’histoire d’un gars qui s’réveille avec l’envie de faire du speed suite à un rêve. Régulièrement le même rêve mais chaque fois avec un peu plus de détails, qu’il tentera de sort it out en se rendant jusqu’en Asie. J’aborde les thèmes de la vitesse, la lenteur, la dope, le sexe, le subconscient, la peur. J’ai même un chapitre à tendance horreur.


Finalement, quelle est la plus grande leçon que cette aventure-là t’a appris? Qu’un peu de volonté et d’argent peuvent te mener au bout du monde. Surtout d’l’argent. Sans joke, petit conseil voyage: si vous pensez à partir sur une go: DO IT.


Vous pouvez suivre les péripéties de Yanick sur Facebook.


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