Pour une troisième collaboration, le duo composé de Pier-Luc Latulippe et Martin Fournier présente Simon et Marianne aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). Suivant un couple bientôt séparé par l’aide médicale à mourir, ce documentaire intime met l’amour au premier plan.
Les protagonistes sont perçus pour la première fois dans la solitude de leur douche. D’abord déconcertant par sa proximité, le film amène l’auditoire à travers l’épreuve du couple tout en réussissant à éviter la curiosité malsaine.
« C’est absurde. On s’est connu, on s’aime comme des fous et là, on va se perdre », confie Marianne. Des discussions brutes sur l’amour, la mort et la perception de soi, s’entremêlent avec des moments de romance durant ces 71 minutes de projection.
« Le 15 octobre à 15h »
Simon, professeur de littérature au cégep, est atteint d’un cancer en phase terminale du cerveau. Voyant son état se dégrader, il décide de recourir à l’aide médicale à mourir.
Le positif de cette démarche est montré tout au long du documentaire. Pouvoir romantiser sa mort, l’imaginer à la seconde près, décider quand et où partir dans la dignité. C’est ce que l’on retient des interactions du couple. Simon et Marianne tentent de tirer le maximum de leurs derniers moments ensemble.
Néanmoins, plus la date fatidique approche,plus la réalité les frappe. « On parle de notre dernière soirée ensemble…, mais je vais avoir un premier matin seule », laisse glisser Marianne.
Offrant son soutien constant à Simon, et ce, dans la bienveillance, Marianne s’ouvre dans ses rares moments seule devant la caméra. Elle a l’occasion d’exprimer sa douleur, malgré la « beauté » du cheminement de Simon. « J’arrivais même pas à écrire “mourir” », dit-elle dans cette forte scène, sanglotant et regardant son calendrier où les simples lettres « AMM » sont écrites.
Une solution comme une autre
Le sujet de l’aide médicale à mourir en soi est étonnamment peu traité dans le long-métrage. Véritable débat de société, l’intervention médicale se présente ici seulement comme une solution logique à une situation fâcheuse. Elle est totalement prise pour acquise, totalement humanisée.
Initialement réticente au projet proposé par les deux cinéastes, Marianne explique que l'idée de « lègue artistique », de laisser une trace indélébile, était chère à Simon. Elle et Romane, la fille de Simon, expriment leur reconnaissance à l’aboutissement du film, le présentant comme un véritable « cadeau ».
Les mélodies composées par Demain Déluge se couplent bien avec les images monochromes. Une promenade en avant-plan d’un château d’eau, une accolade dans un stationnement : les cinéastes expriment leur envie de contraste entre le décor industriel et froid qui entoure les protagonistes et la profondeur de ce qu’ils traversent ensemble.
Une proposition surprenante qui charme habilement le public.
Simon et Marianne est présenté le 30 novembre dans le cadre des RIDM et entre en salle au Québec dès le 2 décembre.
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