Ses créations aux couleurs pastel représentent l’intimité des conversations entre femmes. Sous le nom de @nitimueth sur instagram, la graphiste partage ses illustrations, qui propagent le women empowerment, l’indépendance et l’image corporelle positive . Bien qu’elle n’ait pas toujours cru qu’il était envisageable de vivre de son art, la jeune artiste montréalaise d’origine haïtienne et camerounaise ne ferait rien d’autre aujourd’hui. Se décrivant comme très autodidacte et curieuse, elle aime explorer et apprendre différentes disciplines. À presque 25 ans, Niti Marcelle Mueth a lancé pour une seconde fois la commercialisation de ses produits en octobre dernier. Perfectionniste, elle fait tout : du dessin à la sérigraphie, de la pose d’étiquettes jusqu’à l’envoi des commandes.
Inspiration et création
« J’ai une banque de choses qui m’inspirent, donc il y a une ligne directrice dans mes illustrations. »
C’est majoritairement sur Tumblr, Instagram ou Twitter qu’elle s’inspire. Explorant souvent les sujets interrelationnels, elle forme ses réflexions autour des expériences des femmes de couleur. Elle retient ses idées selon ce qui fait la une ou ce qu’elle capte. Certaines images qu’elle trouve s’associent à un message. Par la prestance ou la façon de poser, l’énergie qui se dégage d’une image qu’elle voit lui inspire une illustration. Elle mentionne également que le confinement a permis, à son entourage et à elle, de réellement prendre le temps d’approfondir leurs conversations, d’où elle pige des sources d’inspiration supplémentaires.
« Tu vis dans une société où tu ne vois pas nécessairement des gens comme toi dans ce que tu fais, alors tu te demandes : est-ce que c’est vraiment ma place ? »
Niti a été amenée à travailler sur différents projets cet été, telle que la fresque « LA VIE DES NOIR.E.S COMPTE » qui traverse maintenant la rue Sainte-Catherine. Elle est également la conceptrice des murales qui embellissent le terrain de basketball du parc Don-Bosco, très fréquenté des jeunes à Rivière-des-Prairies.
« Dans la société dans laquelle on vit, oui, c’est de l’activisme. Mais si je considère le fait que je fais de l’art pour moi, et que je si je vivais dans un monde où tout le monde était accepté, cela serait juste de l’art. »
Message
Bien qu’elle soit perçue comme une activiste depuis des années, ses créations relèvent cependant d’inspirations personnelles. Lorsqu’elle a commencé, les créations de Niti étaient principalement pour elle-même. Elle s’est aperçue qu’elle pouvait provoquer, seulement par la manière qu’elle avait naturellement choisie: représenter les corps tels qu’elle les voit dans la vie de tous les jours et qui lui ressemblent. Aujourd’hui, consciente que ce qu’elle illustre peut rejoindre les gens, elle s’attarde plutôt à l’impact que ses œuvres vont avoir. « Nous vivons tous des choses similaires même si nous pouvons être différents ». La provocation s’est transformée en sentiment d’appartenance : utiliser cette différence et cette diversité qu’elle a refusé de censurer, et s’en servir pour unir toutes les personnes qui s’y identifient.
Avenir
Niti vit au jour le jour et apprécie pouvoir choisir ses contrats comme ils se présentent dans le confort de son chez-soi. De nature attentive et à l’écoute, elle aime avoir la chance de diriger des ateliers portant sur différents sujets. Qu’ils soient sur l’actualité, la philosophie ou les expériences personnelles, elle y est à l’aise et aime créer des espaces de partage où l’ouverture d’esprit prévaut, afin d’amener les gens à échanger sans jugement.
« Oui, je suis réservée, donc les gens prennent pour acquis que je suis gênée, mais ce n’est pas du tout le cas. » Niti est suivie par des personnes d’un peu partout sur la planète : du Royaume-Uni, du Canada anglais, des États-Unis et même de l’Australie. C’est toutefois tout récemment que son nombre d’abonnés québécois a augmenté. Elle avoue aussi son souhait de voir plus de représentativité, et surtout d’accessibilité, pour les communautés issues de la diversité culturelle dans le vaste monde de possibilités que représentent les arts visuels, surtout au Québec. Pendant des années, cela a créé chez elle un syndrome de l’imposteur. « C’est dommage, car il y a tellement de talent ».
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