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Papillon : L’insatiable obsession

L’Usine C présentait  du 12 au 15 mars la pièce Papillon, une création de la chorégraphe Helen Simard et du compositeur Roger White. L’œuvre dépeint la frénésie du monde à travers une symbiose totale et maîtrisée entre la danse et la musique.



Le parterre sert de terrain de jeu aux artistes, et le public est assis en rangées sur trois extrémités de la salle, comme s’il s’apprêtait à assister à une dance battle. Trois musiciens (Rémy Saminadin, Roger White et Ted Yates) sont disposés devant le quatrième mur.


Le même motif électronique est répété en boucle, alors que les trois interprètes (Nindy Banks, Mecdy Jean-Pierre et Maude Laurin-Beaulieu) ayant gagné l’endroit se tournent autour en marchant, sans jamais se rencontrer ni se croiser du regard. Les accoutrements rappellent la culture hip-hop, tandis que la chorégraphie est davantage inspirée par la danse contemporaine. Les mouvements concordent avec la musique, mais la confrontent aussi : les airs, flirtant surtout entre de l’électronique et des sonorités new wave, sont oppressants, entraînants et vivants.


Peut-être aurait-il fallu un brin de diversité en plus dans les compositions. Le programme annonçait une pointe jazz dans la musique de la pièce, en fin de compte difficilement perceptible dans la création sonore de Papillon. Surtout qu’avec des instruments électroniques, les possibilités sont infinies.


Bouger pour se déchaîner


La musique est d’abord lente, les mouvements sont avant tout nonchalants. La tendance se renverse graduellement et les trois interprètes se tournent autour de plus en plus nerveusement. Il et elles commencent même à échanger quelques coups d'œil.


Le rythme est constant et hypnotisant, le paramètre semble en inspirer plusieurs dans la salle. Des personnes dans le public participent et crient des encouragements en rythme avec les compositions. On ne sait pas s’ils et elles sont simplement motivé·e·s ou si ces interventions sont originellement incluses dans le spectacle. Quoi qu’il en soit, ça vient réellement ajouter à la frénésie du spectacle.


Une mention à Mecdy Jean-Pierre, un coup de cœur dans les interprètes. Le danseur est d’ailleurs le lauréat de la catégorie INTERPRÈTE aux Prix de la danse de Montréal 2023.



Le moment où le danseur et les danseuses ne se regardent pas appartient bien au passé : la musique est maintenant rapide et riche, et les interprètes se courent après, n’arrivant pas à s’attraper. Comme une sorte d’énervement, d’impuissance face à la fatalité. On ne peut déjouer son destin.


Papillon aurait pu se terminer sur cette apothéose, mais la chorégraphie et les compositions musicales se redirigent vers la tranquillité presque amorphe du début. Pas pour longtemps, parce que les interprètes se rechassent… avant d’encore une fois s’éviter. Decrescendo, crescendo, le manège repart.


Courir dans l’obsession vers l’autre ou se moquer de son existence : autant d’efforts posés ne changera en rien la fatalité de l’histoire. Ils et elles ne sont pas maîtres de leur aventure.


Une pièce réussie, dont ses artisans sont parvenus habilement à combiner deux arts distincts.


Crédit photo : Hoi Do Phan


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