Après avoir présenté son théâtre brutal l’année dernière, Loïc Lafrance nous invite cet automne dans son jardin avec La peur est une fleur, deuxième album lancé par l’artiste originaire du Bas-Saint-Laurent.
Loïc Lafrance, âgé de 23 ans, articule les paroles de son nouveau projet autour de l’anxiété sous toutes ses formes (sociale, amoureuse ou encore écologique).
Après un premier morceau folk/soul, Loïc Lafrance fait entendre ce qu’il sait faire de mieux avec 2034 (le soleil tombe sur toi), soit un rock décapant, brut et candide. La chanson est proche du caractère de son EP précédent, THÉÂTRE/VIOLENCE, pour le meilleur et pour le pire.
Car si les projets de rock bien exécutés sont relativement rares au Québec, il est compliqué d’atteindre ce chaos contrôlé à la Galaxie ou à la Population II sans tomber dans le trop… brouillon? La peur est une fleur recèle des segments aux belles mélodies et à l’instrumentation intéressante, mais sur d’autres, il est simplement trop ardu de trouver un fil rouge dans ce brouhaha musical. Un effet volontaire, certes, encore une fois pour le meilleur et pour le pire.
Adélaïde rappelle le pop rock mélancolique de Gab Bouchard, Autoportrait en quatre couleurs l’alternatif « karkwaien » et Maison de vitre le rock garage d’un Ty Segall. De sympathiques variations, qui pourraient pourtant être plus assumées.
La 11e chanson qui s’oppose au reste du message de l’album, nommée à partir du proverbe « après la pluie, vient le beau temps », aurait pu servir de conclusion optimiste à La peur est une fleur. Mais Lafrance surprend une dernière fois et lance comme au revoir SPVQ, une très courte chanson de métal corrosive enregistrée en collaboration avec le groupe Dogo Suicide.
Une fin comme une mauvaise herbe que l’on a arrachée et qui revient quand on s’y attend le moins.
Foutue anxiété.
Note : 6,5
Confessions du jardin
Loïc Lafrance s’est entretenu par téléphone avec Le Culte quelques jours après la sortie de La peur est une fleur. Doté de cheveux rouges durant la promotion de son premier projet, Le monde des adultes, et d’une tignasse blonde l’année dernière au cours de l’enregistrement de THÉÂTRE/VIOLENCE, Lafrance arbore maintenant des cheveux verts, un choix capillaire qui n’est pas laissé au hasard.
« C'est un peu comme avec Taylor Swift, elle fait ses eras, et moi je pense que j'ai un peu mes eras aussi », dit l’artiste louperivois en riant. Les titres de La peur est une fleur ont été composés en trois mois, indique l’artiste, et dans « une sorte d’urgence » qui coïncidait avec la tenue des Francouvertes, de mars à mai 2024. Loïc Lafrance s’est hissé jusqu’à la troisième place du renommé concours-vitrine.
« Je pense que le projet était quand même déjà établi à Québec, mais à Montréal, [Les Francouvertes] ont juste ouvert un paquet d'opportunités. Pis là on va jouer aux Foufs, et ça c'est fucking great », lance l’artiste qui se produira aux mythiques Foufounes Électriques en novembre dans le cadre du festival Coup de cœur francophone.
« Écrire une chanson, puis l'enregistrer en studio, c'est quelque chose que je fais assez simultanément parce que j'ai déjà mon studio chez nous », détaille Loïc Lafrance. « J'écris les paroles, je fais la bass, je fais les guitares et les synths en même temps », poursuit l’artiste. « Je cherche vraiment à collaborer davantage dans le futur pour ne pas auto-réaliser comme j'ai fait sur THÉÂTRE/VIOLENCE. J'ai eu justement l'avis de Julien Mineau [du groupe Malajube] sur l’album, qui a réalisé La peur est une fleur. Ça a vraiment fait du bien mentalement d'avoir quelqu'un d'autre sur le projet. »
Lafrance se dit surtout influencé par The Strokes et Cage the Elephant, mais aussi par des groupes comme Alvvays, Metric ou encore King Gizzard & The Lizard Wizard.
La collaboration québécoise de rêve pour Loïc Lafrance? « Je pense que je pourrais faire une toune avec Yes Mccan, pis ça torcherait des culs. On pourrait faire un sale banger », rajoute-t-il.
En plus de son spectacle aux Foufounes Électriques, dont la première partie sera assurée par Justine Grivegnée, Loïc Lafrance se produira en octobre 2024 à Québec, sa ville d’adoption, et en février 2025 à Rivière-du-Loup, sa ville d’origine.
Mention photo: Hugo Labs
Comments