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L’art excentrique et immodéré de Tomas Dessureault


Le 18 octobre à huit heures du matin, l’artiste de la relève Tomas Dessureault, originaire de Val-d’Or, s’enferme entre les murs de la galerie d’art montréalaise Va Savoir pour se consacrer à la peinture pendant sept jours. De cette expérience naît Post. Post. Automatiste, sa première exposition solo, ouverte au public depuis le 26 octobre.



Tomas Dessureault, étudiant en arts visuels à l'Université Concordia, développe sa propre empreinte artistique depuis un an en travaillant la peinture acrylique. Post. Post. Automatiste rassemble une dizaine des toiles créées au cours des sept jours d’isolation et deux créations antérieures.


Le public était invité à l’observer alors qu’il dormait, mangeait et peignait à la Galerie Va Savoir, transformée en atelier éphémère le temps de son confinement, du 18 au 25 octobre. Surprise et admiration sont au rendez-vous, ses tableaux laissent peut-être perplexes, mais rarement indifférents.





L’urgence de peindre

En plein jeudi après-midi sur la rue Laurier Est, les passants et les passantes s’arrêtent, intrigués, devant la vitrine de la galerie. Une femme photographie l’écriteau collé à la vitre: « Enfermé depuis le 18 octobre ». À l’intérieur, l’artiste Tomas Dessureault est à l'œuvre.


Des dizaines de pots colorés et de pinceaux ornent le plancher. Des canevas vierges et inachevés de toutes les grandeurs s’empilent sur les trois murs de la pièce étroite. Seulement un fauteuil et un matelas accommodent le séjour du peintre. Plusieurs tasses de café vides et cannettes de boisson énergisante sont alignées sur le rebord de la fenêtre, symboles du chaos créatif.


Pour l’artiste, le concept est clair. « Ce n’est pas une performance, parce que je fais tout le temps ça depuis quatre mois. Dans ma chambre, il y a des toiles sur mon lit; je dors mieux ici », déclare Tomas Dessureault en entrevue avec Le Culte. Sa peinture répond à un besoin vital : « Je peins tout le temps dans l’urgence. Si je ne peins pas, après deux ou trois jours, je me sens vraiment dégueulasse », affirme-t-il. Arrivé au bout de la dernière heure le 25 octobre, c’est une cinquantaine de toiles et de dessins que l’artiste avait réalisés lors de son immersion.




Se réapproprier l’excentricité de l’art automatiste

Dans ses tableaux, le contraste règne de façon déstabilisante: des cercles noirs, formes prédominantes, se découpent d’un fond blanc souillé parmi des traits brusques rouges et bleus. Les œuvres, souvent hautes de deux mètres, forment un monde bien à part, en dehors des normes visuelles et narratives. Parmi les toiles que l’artiste décrit comme des « espaces vivants », certains éléments plus figuratifs comme des yeux et des visages isolés ressortent.


Sans titre, octobre 2023, tiré d'Instagram @tomas.artwork


L'œuvre Éclat se démarque du lot avec ses textures animées par des monceaux de peinture séchée tels de petits coquillages. Cette toile vive aux figures indéfinies fait face à son antipode, une composition plus précise et géométrique, révélant une précieuse liberté de création, mais aussi une signature artistique en maturation.


Éclat, octobre 2023


« Post. Post. Automatiste, c’est un clin d'œil à mon héritage culturel », explique Tomas Dessureault, dont la plus grande influence est un artiste québécois et signataire du manifeste Refus global, Jean Paul Riopelle. L’artiste se distingue tout de même de la démarche automatiste purement spontanée. « [Dans mes œuvres], il y a des gestes plutôt bruts, mais je dépasse les post-automatistes. Moi, la volonté [de représentation] je l’assume, mais en plus je l’aime beaucoup », concède-t-il. La volonté et l’audace artistique de Tomas Dessureault sont indéniablement contagieuses.


L’exposition Post. Post. Automatiste et son énigme affective sont ouvertes au public à la Galerie Va Savoir jusqu’au 12 novembre.


Crédits photos : Alice Young

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