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Darkmatter, performance d’une noirceur perturbante

Rythme, désordre et tempête sont tous des termes adéquats pour décrire Darkmatter. Présentée du 7 au 9 février à l’Usine C, la pièce dansée conçue par Cherish Menzo déconstruit toute convention.



Dès l’entrée en salle, les deux interprètes, Cherish Menzo et son partenaire Camilo Mejía Cortés surprennent le public par leur présence à l’avant de l’espace scénique. Vêtus de noir, arborant des masques miroirs allongés futuristes, les deux artistes multidisciplinaires sont accompagnés d’une ambiance sonore composée par Gagi Petrovic.

 

La mise en scène est épurée, mais chaotique. Tout est blanc ou noir ; le sol est blanc et les bandes de tissus blanches servant d’écran de projection sont trempées dans un liquide noir omniprésent tout au long du spectacle. Le liquide est craché, lancé et versé au sol par les interprètes, créant ainsi de grandes flaques sombres. Les décors amplifient l’effet irréel, fictif et brouillon de la performance.

 

Stimulation abondante

 

Les interprètes transportent les spectatrices et spectateurs dans un état second, dans un univers inconnu. Ils proposent une libération du corps, de l’esprit et utilisent une ambiance visuelle et sonore très élaborée. Le titre Darkmatter (matière noire en français) prend alors tout son sens, car comme l’univers continuellement en expansion, les idées ne cessent de se bousculer dans l’esprit.  Les actions, les déplacements, les réactions et les dires multiples sont intenses chez les deux personnages.

 

Le fil narratif est décousu et éparpillé. Il devient parfois difficile pour l’auditoire de s’accrocher à des éléments de repères, car lorsqu' un indice est donné, il est tout de suite invalidé. Les thèmes de l’émancipation, de l’afro-futurisme et du posthumanisme sont abordés implicitement durant la performance. 

 

À certains moments, la juxtaposition du fil narratif, de l’ambiance sonore et des mouvements est si intense que l’esprit devient stimulé et presque figé. Les interprètes repoussent les capacités cognitives et émotionnelles du public qui vit une sorte de crampe cervicale.

 

Une gymnastique psychique

 

Menzo et son partenaire jouent avec des mouvements de hip-hop et de technique urbaine « chopped and screwed ». Cette technique de danse robotisée est effectuée avec rythme et mouvements saccadés. Les gestes sont lents, amples et expressifs. Ils sont en concordance avec la musique, l’action et les expressions faciales des personnages étranges. Ceux-ci représentent deux humains en symbiose. Il y a très peu de description sur ceux-ci et leurs personnalités sont très abstraites pour le public. 


La lenteur apporte une lourdeur à la performance. Le texte, construit sous forme de rap, est intrigant, mais est difficilement audible à cause des autres éléments sonores. Il y a des instants très contemplatifs peu justifiés ou des répétitions successives qui rendent l’auditoire désintéressé.

 

La performance artistique est unique en son genre et inusité. En usant de nudité, d’effets stroboscopiques et de contrastes, le public découvre un nouvel univers qui déstabilise et amène plusieurs réflexions sur le concept de l’art lui-même et sur la nécessité ou non des conventions dans le domaine artistique.


Crédit photo : Bas de Brouwer


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