top of page

Ce que le jour doit à la nuit : puissante fusion de deux univers

Photo du rédacteur: Flavie DubreuilFlavie Dubreuil


Le chorégraphe français Hervé Koubi nous envoûte avec son spectacle Ce que le jour doit à la nuit, créé en 2009 et présenté à DanseDanse en webdiffusion jusqu’au 9 décembre. Ce film de Patrick Lauze, enregistré au Festival Arabesques à Montpellier en 2018, exprime un besoin de réconciliation du chorégraphe avec son histoire.


Ce n’est qu’à 25 ans qu’Hervé Koubi découvre ses origines algériennes. Naît alors un besoin d’amour envers cette culture, qui se traduit par la création de Ce que le jour doit à la nuit, nom emprunté au livre de Yasmina Khadra. Cette pièce voit le jour à l’issue d’une rencontre avec des danseurs algériens lors de son premier voyage sur ce territoire. En entrevue pré-spectacle, le chorégraphe explique la nécessité de mettre en scène ces danseurs virtuoses, pour la plupart autodidactes, issus de la danse de rue ou de l’acrobatie. Hervé Koubi décrit son ballet du 21e siècle comme une histoire d’amour et de désenchantement entre deux rives de la Méditerranée qui s’opposent tout en étant liées par l’histoire.


Ce sont 12 danseurs masculins, 11 d’Algérie et un du Burkina Faso, qui incarnent avec brio cette rencontre entre la danse contemporaine et la danse de rue, puis cette fusion entre l’Occident et l’Orient. Les danseurs se livrent avec passion, puissance, précision et force. Ce sont des imperfections, comme l’absence de pieds pointés, les cris que poussent les interprètes dans un but de synchronisation ou le bruit du contact des mains et de la sueur avec le sol, qui rendent beau et attachant cet amalgame des deux styles. La danse contemporaine est entre autres perceptible par la fluidité et l’amplitude des mouvements ainsi que par la justesse de l’interprétation, alors que la danse de rue prend forme par l’entremise d’un vocabulaire qui lui est propre. Les danseurs exercent des sauts légers, des acrobaties exaltantes et un travail au sol avec un contrôle et une aisance enviable. Mention spéciale au travail de partenaires où les corps s’emboîtent avec fraternité.


La création musicale de Maxime Bodson reflète également cette saveur orientale, réunissant du Hamza El Din, du Jean-Sébastien Bach et de la musique soufie. Cet assemblage amène le spectateur à vivre un crescendo émotif, tout en le faisant voyager entre deux cultures. La musique dicte le ton de la pièce, oscillant entre rivalité et bienveillance, ponctuant les solos, les duos et les scènes de groupes. La caméra explore des angles dont nous sommes habituellement privés en tant que spectateurs, offrant des prises de vue en plongée ou rehaussant certains détails parmi les mouvements. Cette singularité met en valeur les jupes blanches qui virevoltent alors que les danseurs exécutent des headspin. Le tout se déroule également sous un éclairage blanc. Outre le fait qu’il s’agisse d’une reprise et non d’un spectacle capté récemment, cette pièce est poignante par ses éclats vibrants, son récit sacré et sa sensibilité. Bref, Ce que le jour doit à la nuit, ou, comme le souligne Hervé Koubi, ce que la mémoire doit à l’oubli, ce que la France doit à l’Algérie et vice versa.

Comments


  • Instagram
  • Facebook
  • TikTok
  • X
  • Vimeo
  • YouTube
  • LinkedIn
© 2024 Le Culte - Tous droits réservés
bottom of page