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Bruxelles est arrivé

La Belgique a connu un développement musical sans précédent au cours de la dernière décennie. D’abord renommé pour sa scène pop et alternative, le pays s’est taillé une place parmi les pionniers du rap en Europe grâce à une nouvelle génération d’artistes, et a su séduire le public québécois.

Crédit photo : Kmeron-062


La croyance populaire selon laquelle le rap belge a posé sa marque depuis quelques années seulement découle de sa récente explosion médiatique. Pourtant, il faut remonter plus de 30 ans en arrière pour constater les débuts du style en Belgique.


Le « old-school » des nonante

En 1990 sort la première compilation notable du rap belge, Brussel Rap Convention, regroupant sur une dizaine de titres des rappeurs locaux de l’époque. Des thèmes récurrents au hip-hop classique, tels que la drogue, la violence et le racisme, y sont abordés, entre autres par Rayer, membre du groupe encore actif De Puta Madre.


Le trio de Benny B s’affirme aussi comme l’un des pionniers du genre : alliant le rap au breakdance, les artistes hissent au début des années 90 trois titres dans le top 50 des chartes belges et françaises, et vendent près de trois millions d’albums.


Reprenant par la suite le flambeau, le groupe bruxello-liégeois Starflam s’impose comme la référence absolue en matière de hip-hop belge vers le milieu de la décennie. Acclamée partout à travers le pays, mais aussi à l’international, la formation représente un tournant majeur pour le style, d’après Pascal Renerte, directeur de production du festival de Liège Les Ardentes.

« Je pense qu'à l'époque, Starflam avait ouvert une brèche dans le paysage musical belge », avance-t-il.


Après une période plus creuse pour le rap en Belgique, tout de même marquée par quelques succès de James Deano, Scylla et Stromae (ce dernier œuvrant auparavant sous le nom d’Opsmaestro), la décennie 2010 apparaît comme un renouveau pour le genre et ses artisans.



« C’est nous la nouvelle génération »

Damso, Roméo Elvis, Hamza, Caballero & JeanJass, Isha, L’Or du commun, Shay, Lous and the Yakuza : nombreux sont les artistes qui ont participé à cette période d’effervescence culturelle.

« 2016, l’année du rap belge? », titrait l’Agence France-Presse, relayée par de nombreux médias comme La Presse ou Le Devoir.

« Dans les années 2010, il y a eu un véritable retour du hip-hop français, entraînant dans son sillage les groupes et artistes belges qui n'attendaient qu'à exploser », expose Pascal Renerte.


« Le rap belge ne se prend pas au sérieux, on n'a pas vraiment des textes revendicatifs comme dans le rap français, nos rappeurs sont bien plus sages », continue le directeur de production, en référence à l’humour décalé très populaire au pays.

Image tirée du vidéoclip Dégueulasse, de Caballero & JeanJass


Selon Moka Boka, rappeur bruxellois d’origine congolaise, la véritable force du rap belge tient du multiculturalisme de sa capitale. « C’est une musique éclectique », partage Moka Boka. « En Belgique on est très créatifs, il y a beaucoup de mélange », poursuit-il. Si la diversité représente un pilier du renouveau du rap belge, les productions soignées de jeunes artistes du pays ont tout autant contribué à sa popularité.


Fabien Leclercq, mieux connu sous le nom de Le Motel, en est l’exemple parfait. Qualifié comme « le beatmaker qui révolutionne la scène belge » par le magazine français Les Inrockuptibles, Le Motel offre des productions aux synthétiseurs à sonorité jazz et lo-fi, et est surtout apprécié pour son duo avec le rappeur bruxellois Roméo Elvis.

Le Motel. Crédit photo : Guillaume Kayacan


Bien qu’il soit difficile de poser une étiquette sur l’univers musical de la scène rap bruxelloise tant celle-ci est riche et diverse, il demeure possible de discerner des ressemblances dans les productions de cette nouvelle vague d’artistes.





Résultat? Le rap belge est devenu plus qu’attrayant. Roméo Elvis a collaboré en 2019 avec le musicien britannique de renommée Damon Albarn, créateur du groupe Gorillaz. Hamza, pour sa part, s’est offert un couplet du rappeur américain Offset, membre de Migos, sur son album Sincèrement, paru en février dernier. Damso, rappeur belgo-congolais, s’inscrit toutefois comme le chef de file du récent mouvement.


Incontesté

En 2021, Damso, de son vrai nom William Kalubi, remporte son quatrième Ultratop Streaming Award, titre récompensant l’artiste le plus écouté en Belgique, avec 47,3 millions d’écoutes.

Alliant une ambiance sombre à des textes élaborés et polémiques, l’artiste bruxellois de 30 ans cumule une dizaine de disques de platine, des centaines de millions de vues sur YouTube et est lauréat d’une Victoire de la musique en 2019 pour son album Lithopédion.

En septembre 2020, il établit un record pour le pays à la sortie de son album QALF.



Quand la Belle Province rencontre le Plat Pays

À travers les années, plusieurs collaborations sont nées entre des rappeurs belges et québécois. Le duo de Bruxelles et de Charleroi Caballero & JeanJass s’est associé aux artistes Enima, Roi Heenok et Rowjay, basés dans la Belle Province.


Le populaire rappeur montréalais FouKi a laissé une place à Swing et Primero, du collectif bruxellois L’Or du commun, sur l’une des pistes de son plus récent album Zayon, alors que Lens Dupuy, beatmaker de Montréal-Nord, a signé plusieurs pistes sur des projets de Damso.


De façon générale, les rappeurs belges connaissent un grand succès lorsqu’ils survolent l’Atlantique vers le Québec pour se produire en concert. Depuis la fin de la pandémie, Damso a rempli deux fois la Place Bell, à Laval, en janvier dernier, Roméo Elvis était programmé sur la scène principale du Festival d'été de Québec en été 2022 et Hamza, bien qu’ayant annulé son passage, figurait comme l’une des têtes d’affiches de l’édition 2023 de l’Igloofest, à Montréal.


L'Or du Commun à Montréal, via leur page Facebook.


Une succession complexe

Bien que « l’âge d’or » du rap belge semble être associé à la deuxième moitié de la décennie 2010, des dizaines d’artistes émergents du pays tentent toujours percer dans l’industrie. « Des rappeurs établis comme Damso ou Roméo Elvis ont créé un grand engouement, ce qui a mené à beaucoup de jeunes s’organisant pour commercialiser leur musique », exprime Moka Boka, en entrevue avec Le Culte.


Des noms comme YG Pablo, Frenetik, Le Dé et Geeeko dessinent une relève assurée du rap belge, sans oublier le Liégeois Fresh La Peufra, gagnant de la première saison du concours Nouvelle École, sur Netflix, et Moka Boka. En 2016, Roméo Elvis titrait son plus grand succès « Bruxelles Arrive »; sept ans plus tard, force est de constater qu’il était loin de se tromper.



Pour découvrir cet univers, voici une playlist 100% belge :



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