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Rendez-vous aux Rendez-Vous!

On a baptisé l’événement les Rendez-Vous du Cinéma Québécois. On ne parle pas ici d’un festival, malgré l’ambiance festive qui émane de cette célébration des artisans du 7e art. Antoine Bertrand, porte-parole de cette 32e édition, note bien cette particularité : « Malgré la peur de l’inconnu, la possibilité de tomber en amour lors d’un rendez-vous est ce qui nous pousse à nous y rendre. » Le RVCQ mise sur la séduction d’un public parfois ignorant, mais curieux, parfois passionné, mais avide de rencontres. Séduction accomplie : on en ressort l’esprit plus large, le cœur pincé par une montée nationaliste.


La programmation du RVCQ est vaste : plus de 300 films présentés, conférences et discussions sur l’avenir du cinéma québécois ; difficile de faire un choix. Aguiché par la présence de Chloé Robichaud (Sarah préfère la course), j’opte d’abord pour une table ronde en compagnie de réalisatrices et comédiennes sur la direction d’acteurs. Événement gratuit, ambiance 5 à 7, odeur de popcorn, la salle est pleine de monde bien habillés qui se font la bise. En tant que rédacteur pour Le Culte, j’enfile mon œil d’objectivité pour ne pas fondre devant ce petit monde du cinéma sur lequel je fantasme depuis l’enfance. Mon regard se promène sur les visages que j’ai l’impression de connaître de « je ne sais où ».


Une femme monte sur scène pour nous présenter les intervenantes de la soirée. Je suis surpris par la proximité qui s’établit entre elles et la salle. Toutes âgées de 20 à 30 ans, une salle mixte de gens de 20 à 60 ans est pendue à leurs lèvres. Leur ton sans prétention me rassure, on est en mode partage, pas en mode lobbying. Chacune d’elles présente ses méthodes de travail, chaque fois complètement à l’opposé de la précédente. On réalise que l’intuition a encore sa place dans un certain cinéma, cet appareil qu’on sent parfois tellement complexe à maîtriser. La modestie et l’authenticité des intervenantes (pourtant en pleine ascension) me donnent l’impression d’avoir discuté autour d’une bière, en même temps d’avoir fait une session universitaire en condensé.


Changement de cap, je renifle d’autres réalisateurs à découvrir. Dans la salle Claude Jutras, on présente Le météore de François Délisle. Sélectionné à Berlin et à SunDance, on nous promet un film qui brise les conventions. Réalisé sur deux ans de façon autonome et à temps perdu, le long-métrage incarne «l’anti industrie» et la liberté artistique. On plonge dans une approche littéraire de monologues intérieurs et de natures mortes où le sens émane entre le jumelage inégal des voix et des images. Dit comme ça, on dirait Tree of Life, et le rapprochement n’est pas gratuit, mais le conflit identitaire que traversent les personnages, entremêlé aux images de Montréal, du Québec, permet à l’œuvre de s’adresser différemment aux Québécois. François Délisle prend la parole à la fin du film pour répondre aux questions du public. Visiblement habité par ce besoin de liberté artistique, il prêche pour une approche du cinéma qui dépasse l’utilisation qu’on en fait depuis 100 ans. Le météore, utilisant le cinéma principalement dans sa dimension photographique et littéraire, on comprend la revendication de ces réalisateurs qui veulent brasser les cartes du média plutôt que de s’inscrire dans une industrie figée.



Pour se mettre au diapason avec les créateurs d’ici et se nourrir d’images qui parlent de nous, les Rendez-Vous du Cinéma Québécois deviennent chaque année un incontournable de la scène culturelle. Les activités se poursuivront jusqu’au 1er mars. La clôture se fera au rythme du groupe We Are Wolves et d’une célébration du mythique Elvis Gratton.

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