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Quand les geeks se travestissent


Crédit photo: Belziir

Crédit photo: Belziir


Geek… Un mot de quatre lettres qui s’inscrit dans le langage populaire depuis plusieurs années. Selon le stéréotype, le geek est un amateur de jeux vidéo, un collectionneur de figurines Marvel et un grand amoureux de Star Wars. On le perçoit comme solitaire et incapable de sociabiliser avec les autres.

Les dernières années ont prouvé que le caractère d’ermite qu’on associe au geek relève davantage du mythe que de la réalité. L’été dernier, la convention d’Otakuthon a réuni plus de 15 000 geeks de toutes les régions du Québec , alors que le Comiccon de Montréal en a accueilli plus de 50 000. Ces conventions qui réunissent les fans de jeux vidéo, de bandes dessinées et du monde de la science-fiction ont vu leur popularité doubler, voir tripler au courant des dernières années. Ces évènements encouragent les participants à porter des costumes de personnages dont ils sont fans. Cette tradition porte le nom de Cosplay. En ayant la volonté de découvrir ce monde qui m’est inconnu, j’ai rencontré des Cosplayers qui m’ont expliqué le plaisir qu’ils ont à se vêtir des vêtements de leurs idoles purement fictives bien avant Halloween.

 « C’est comme ton deuxième Noël ?

-Non c’est encore mieux que Noël ! »

C’est comment Mélina Soucy, une Cosplayer, me décrit l’attente qu’elle doit supporter avant les Otakuthons. Cette convention se distingue par son caractère plus exotique : elle réunit des adolescents et des jeunes adultes québécois contaminés par l’amour des animes et des mangas japonais. Au côté très enfantin que l’on attribue aux geeks costumés d’Otakuthon, Mélina nous répond : « C’est bien parce que tous les gens qui sont là ont gardé leur cœur d’enfants ». Elle précise cependant que les costumes sont souvent loin d’être une référence à l’enfance : ils peuvent représenter des personnages excessivement violents et magistralement sexy.

À une époque, lorsqu’elle était dans les limbes sombres et lugubres de l’adolescence, les conventions lui ont permis de rencontrer des gens ouverts d’esprits qui partageaient des passions communes, ce qui n’était pas nécessairement le cas dans son milieu scolaire : « C’était [un intérêt pour la culture populaire japonaise] pas très bien vu au début du secondaire, raconte-t-elle. Vers la fin du secondaire, les gens ont commencé à assumer leurs goûts. Puis quand t’arrives au Cégep, oublie ça, tu peux faire ce que tu veux. » Mélina a récemment revu ceux qui l’ont ridiculisée au secondaire pour ses goûts moins conformistes. L’ironie du sort, c’est qu’ils étaient au Comiccon pour y assister en tant que participants.

 Alors que le Cosplay est une simple activité de socialisation pour certains, d’autres peuvent en faire une véritable passion et même un emploi. C’est le cas de Lucas Comeau-Ponton, participant aux Commicons. Dernièrement, il a fabriqué un casque à la suite d’une demande privée, pour la somme, ma foi tout de même considérable, d’environ 700 dollars. Pas une armure complète… Un casque. Lucas peut vous concevoir un élément de fantaisie que ce soit de Star Wars ou de Gears of War, au tarif considéré comme très modeste de 14 dollars de l’heure. Plusieurs Cosplayers choisissent de dépenser des centaines et parfois des milliers de dollars sur leur costume. Quant à ceux qui le fabriquent eux-mêmes, le temps qu’ils y dédient peut frôler la démesure. Les Cosplayers dits « professionnels » peuvent consacrer aisément 100 heures à la confection de leur déguisement.

Pourquoi consacrer autant d’énergie, de temps et d’argent sur le Copslay ? C’est simple.  Pour avoir l’admiration, l’attention et l’approbation des participants Cosplayers ou non-cosplayers. Ce public peut parfois être ingrat: il aura tendance à accorder davantage son affection aux nombreuses jeunes filles dévêtues avec un costume peu complexe qu’au geek qui a consacré sa dernière année à un costume de Master Chief. Le tout se joue au concours, où les prix sont admis par des juges qui remettent aux gagnants des jolis certificats pour les féliciter. Bref, c’est un peu comme le Bac : beaucoup d’efforts, d’argent et d’arrachage de cheveux pour un joli bout de papier.

 

Roxanne BARBEAU-LÉPINE

Communication marketing

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