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Portrait pluridimensionnel


ONF

Affiche de l’ONF


« Ne regardez pas l’appareil, où j’vais m’mettre à gueuler! »

-Caméraman, Maria Chapdelaine (1934)

Voilà ce que l’on pouvait entendre dans la chaleureuse municipalité de Péribonka au Saguenay-Lac-Saint-Jean en 1934. Cette agitation qui contraste avec la tranquillité de l’endroit, était due au tournage de l’adaptation cinématographique du roman emblématique du terroir, Maria Chapdelaine, réalisé par Julien Duvivier.

80 ans plus tard, Jean-Claude Labrecque marche dans les pas de Duvivier et réalise Sur les traces de Maria Chapdelaine. Ce moyen-métrage de type documentaire était projeté pendant les Rendez-vous du cinéma québécois lundi dernier. Il dresse non seulement le portrait du film de Duvivier, mais également de ce dernier, de Louis Hémon, de la femme dont est inspiré le personnage de Maria, et, ultimement, de la population péribonkoise.

Par un savant amalgame d’archives télévisuelles québécoises et françaises, d’extraits du film de Duvivier et de tournages effectués à Péribonka en 2013, Labrecque crée une œuvre de mémoire, qui rappellera à n’importe quel Québécois qu’il vient d’ « un pays grandiose, mais aussi, sans pitié et sans douceur », comme dirait Louis Hémon. Bien que son roman raconte le destin amoureux tragique d’une jeune fille vouée à une vie monotone, l’œuvre maîtresse d’Hémon dépeint principalement l’existence rude des colons canadiens-français. Cette existence consistait essentiellement à prier et à défricher, labourer et rentabiliser la terre. Bref, c’était le conservatisme à son paroxysme.

« Un film qui se tournait dans un p’tit village comme chez nous c’était tout un événement! »

-Fleurette Dionne, citoyenne de Péribonka

L’authenticité et la simplicité des témoignages des descendants des figurants péribonkois qui avaient participé au tournage du film de Julien Duvivier, ajoute au documentaire de Labrecque un caractère sympathique, tout en contribuant à la création d’un rythme qui maintient l’attention du spectateur du début à la fin.

En plus, d’être le témoin d’un passé auquel peuvent s’identifier une majorité de Québécois, Sur les traces de Maria Chapdelaine est un moyen-métrage où le septième art est mis en abyme. À maintes reprises, le réalisateur dévoile aux téléspectateurs le plateau de tournage. Il leur montre, sans fioritures, les procédés techniques nécessaires à la réalisation d’images cinématographiques, puis leur révèle le résultat dans le plan suivant. Cela crée une dynamique intéressante dans le cadre d’un film documentaire, puisqu’ainsi le cinéma s’auto-documente.

« Au Québec, rien ne doit mourir et rien ne doit changer. »

-Voix du pays de Québec, Maria Chapdelaine 1913

Voilà ce que le lecteur du roman de Louis Hémon retient après avoir passé au travers de l’épopée fastidieuse de Maria. Pourtant, à la fin du visionnement du film de Labrecque le message diverge de l’œuvre littéraire. Le spectateur est plutôt invité à se souvenir de ce passé éprouvant, afin de mieux apprécier son présent.

 

 Mélina SOUCY

Journalisme

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