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Le train : visions d’un pays lointain

Pour sa projection de clôture de la 54e édition, le Festival du Nouveau Cinéma a diffusé en primeur Le train, premier long-métrage de la réalisatrice Marie Brassard. Cette œuvre personnelle amène le public dans le passé à travers l'œil d’une enfant.


Crédit photo: Laurence Grandbois Bernard
Crédit photo: Laurence Grandbois Bernard

Ce film d’auteur de style « tranche de vie » suit l’enfance et l’adolescence d’Agathe,  une jeune fille souffrant d’asthme et vivant avec sa mère monoparentale au Québec des années 60. Interprétée par Thalie Rhainds ainsi que Electra Codina Morelli, Agathe est scolarisée à la maison. Celle-ci développe une imagination débordante et  rêve d’un monde lointain.


La figure du train, thème emblématique du film, est pourtant absente durant la majorité du long métrage. La locomotive est quasiment aussi mythique qu’invisible. Suivant le point de vue d’Agathe, le sifflement lointain du train n’est que l’essence qui vient alimenter le moteur de son imagination. 


La frontière entre rêve et réalité est tranchée par la couleur dans l’image : les scènes du réel ont toutes leurs couleurs, et les rêves, eux, sont en noir et blanc. Cette règle génère de magnifiques séquences. La couleur se dissipe et réapparaît tellement doucement que la salle ne peut que rester ébahi. 


Cette maîtrise de la couleur se joint également à celle de la composition. Que ce soit par les décors, les costumes ou les angles de caméra choisis, chaque plan est une fresque. La beauté de l’image est telle qu’elle donne envie de pardonner les séquences parfois un peu trop longues et les dialogues trop romancés.


« Sodade »


Sodade. Connaissez-vous ce mot portugais ? Celui-ci s’apparente à une émotion qui va au-delà de la simple nostalgie. Il n’existe pas de mots en français pour qualifier fidèlement cette émotion. Il s’agit d’un mélange de sentiments, alliant à la fois mélancolie, désirs et bien sûr nostalgie. Mentionné par un des personnages du film pour qualifier l’état dans lequel la mère d’Agathe se trouvait, sodade semble pourtant se cacher derrière la conception même de ce long-métrage.


« Ce film est inspiré d’une vision que j’avais quand j’étais enfant. Quand le soir j’entendais passer le train au bout du champ, [...] je m’étais imaginé qu’il y avait un bûcheron avec sa hache et qu’il gardait la frontière entre notre monde et un monde qu’on ne connaissait pas », déclare Marie Brassard avant la projection du long métrage. 


L’imagination de la petite Agathe est donc celle de la réalisatrice qui avoue s’être servie de ce souvenir d’enfance pour écrire sa fiction. « C’est la petite part d’autobiographie qu’il y a dans ce film », explique-t-elle. 


Le tempo plus calme du film laisse beaucoup de place à l’immersion, permettant de contempler le travail de la direction artistique. Véritable fenêtre temporelle, chaque scène nous donne le temps d’observer les bibelots, les meubles et les habits soignés de cette époque. 


Pourtant, un truc cloche, c’est trop beau ; trop beau pour être vrai. Ainsi nous vient une impression que quelqu'un est venu effacer chaque point potentiellement négatif, idéalisant au passage chaque souvenir du passé. Sodade serait-ce toi ?


Cette œuvre, qui signe le début de carrière en réalisation de Marie Brassard, est un bel exemple du savoir-faire du cinéma québécois. Que ce soit l’image, les costumes, le son ou bien le montage, chaque département mérite sa chandelle. Du côté des acteurs, Larissa Corriveau se démarque pour son interprétation de Thérèse. 


On ne peut qu’espérer un avenir prospère pour la réalisatrice et patienter sagement, le temps que celle-ci revienne nous voir à l’écran. 


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