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Le paradoxe américain expliqué


Photomontage de Pierre Guimond

Photomontage de Pierre Guimond


Un groupe d’hommes et de femmes élégamment vêtus se dirigent, d’un pas rapide, presque robotique, vers leur bureau. Une mallette dans une main, un grand latte de chez Starbucks dans l’autre, ils participent à la marche de la monotonie quotidienne, sans qu’aucune question ne vienne perturber leur esprit. Ils devraient pourtant être paniqués, car ils se trouvent dans le désert. Littéralement.

Cette image n’est toutefois qu’une des nombreuses constructions du photographe canadien Pierre Guimond. À l’aide du photomontage, cet artiste de la photographie crée des images qui ne sont plus « assujetties à un moment présent ». C’est ce qu’il a fait dans son dernier long métrage documentaire, Les états inventés d’Amérique, qui était projeté dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois le 26 février dernier. En effet, Guimond jette un regard critique sur le pays de la démesure et des paradoxes en déstructurant la réalité afin de lui donner son véritable visage.

 « On juge une nation par les personnages qu’elle adule. Nous, on a choisi Paris Hilton. »

-Un Américain, interviewé dans le film

Le pays des superlatifs, où tout est super-mega-hyper-ultra surdimensionné, où les pelouses sont trop vertes et où les gens sont trop gros, est dans une période de déchéance monstrueuse selon les images et la narration du film. « Il faudrait être schizophrène pour y trouver quelque chose de bien» dit Pierre Guimond, au début du long métrage. Le portrait qu’il dresse des États-Unis est, somme toute, pessimiste. Les sons de cellulaires, de tiroirs de caisse, de circulation routière, de tout ce qui fait penser au tintamarre incessant d’une ville, ponctuent les photomontages de Guimond pour créer un sentiment d’aliénation encore plus puissant.

La narration faite par le photographe est prétentieuse, puisque ce dernier louange le photomontage en disant, par exemple, que cet art pourrait aider « à sensibiliser de nouveau la population aux images ». Tout au long du film, le narrateur explique le sens des photographies qui défilent à un rythme assez rapide devant les yeux du spectateur. Cela nuit profondément à l’appréciation du film, car ses commentaires se font au détriment de la réflexion individuelle.

Bien que le documentaire soit en majeure partie construit à partir d’assemblage de photographies faits par l’artiste, certaines images d’archives de la Foire internationale de New York de 1964 viennent ajouter un peu de mouvements à l’œuvre. Ces images vidéo représentent une réalité utopique du futur selon les Américains de l’époque. Combinées aux photomontages de Guimond, qui symbolisent la déchéance des états inventés d’Amérique, les vidéos montrant des hommes conduire des voitures automatisées et des femmes regarder leur cuisinière faire la popote pour elles, rendent bien compte de la désillusion actuelle du pays de l’oncle Sam.


Les États inventés d’Amérique, d’Alberta Nokes d’après l’oeuvre photographique de Pierre Guimond.

Projections à venir : Le vendredi 21 mars à 18h30 à la salle Maxwell-Cummings du Musée des beaux-arts de Montréal et le samedi 22 mars, à 21h, à l’auditorium de la Grande bibliothèque de BAnQ

 

Mélina SOUCY

Journalisme

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