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L’Euguélionne : Tenir une librairie féministe en 2025

Enracinée dans le Village depuis presque 10 ans, la librairie féministe l’Euguélionne a une mission qui va au delà de la vente de livres. C’est un véritable lieu militant qui souhaite faire avancer la justice sociale malgré un contexte politique défavorable.


Mention photo: Camélia Boussaid
Mention photo: Camélia Boussaid

Cette librairie est axée sur la littérature de femmes, mais aussi sur d’autres groupes minorisés en offrant une variété d’ouvrages issus de la littérature queer ou d’écrivain·es autochtones et racisé·es. Il y a aussi une grande variété de zines.


L'établissement tient d'ailleurs son nom du roman de 1976 de Louky Bersianik, considéré comme le premier grand roman féministe écrit au Québec.


Plusieurs événements éducatifs et culturels ont lieu à la librairie où les membres de la communauté s'y réunissent. « Ce n'est pas juste une librairie. C'est presque un centre communautaire, parce qu'il y a tellement d'événements, de soirées, de lancements, etc. », croit Alex Noël, qui côtoie L'Euguelionne depuis son ouverture en 2016.


Mention photo: Camélia Boussaid
Mention photo: Camélia Boussaid

« Un acte de résistance »


« Tenir un espace comme celui-ci, c'est en quelque sorte devenir une cible, se rendre vulnérable. Parce qu'il y a une haine des femmes, mais il y a aussi une haine du féminisme en général, puis un anti-intellectualisme qui ressort », croit Sayaka Araniva-Yanez, qui a travaillé jusqu'à tout récemment à la librairie pendant six ans.


Le contexte politique, particulièrement celui des États-Unis, préoccupe les membres de l'équipe, que ce soit le recul des droits de la personne, la stigmatisation de certaines communautés ou la censure dans les établissements universitaires ou de certains livres.


« Qu'on soit un espace où il y a encore une circulation de ces savoirs-là, de ces expériences-là, de ces livres, ça permet de sensibiliser, de prévenir et de se rassembler. C'est définitivement un acte de résistance », affirme Sayaka.


Situation précaire


Le 22 avril, l’Euguélionne a partagé une publication sur ses médias sociaux où elle révèle avoir des difficultés financières. La publication explique avec transparence les causes de cette précarité, notamment des coupes budgétaires dans le milieu de la culture et des tarifs sur les livres de langue anglaise. « Je pense qu'on a bien fait de reach out à notre communauté », juge Sayaka.


L’Euguélionne refuse aussi certaines collaborations pour rester en accord avec ses valeurs. L’établisement refuse de collaborer, entre autres, avec des organismes qui feraient du « pinkwashing » ou qui « soutiennent l’État d’Israël et le génocide en cours ».


L’équipe organise une levée de fonds et une campagne de sociofinancement est prévue le 30 mai prochain, une soirée qui combine musique et poésie avec Safia Nolin comme tête d’affiche.

« Je pense que c'est vraiment important que cet endroit-là survive à Montréal, parce qu'il est unique en fait, on voit la différence que ça crée » pense Alex Noël. 


Cette même personne croit que beaucoup de lieux ont tardé à aborder les enjeux queers ou de diversité et que plusieurs l’ont fait dans les dernières années « par effet de mode » lorsque ça ne représentait plus un risque financier. « Puis du moment où ça va redevenir un risque, tous ces lieux-là qui surfent sur une mode ou sur le gain vont enlever les livres de leur rayon », croit Alex.


D'où l'importance, selon lui, de lieux comme l’Euguélionne pour lesquels « la présence des queers, la présence des personnes racisées, la présence des autochtones » est un réel souci.


Au cœur du Village


« On s'est peut-être moins concentré [par moments] sur des activités ou sur la vente de livres, puis on s'est beaucoup plus concentré sur la communauté, par exemple, s'impliquer dans le village », explique Sayaka. 


Pour une librairie qui se veut inclusive, il va de soi qu'elle soit installée dans le Village. Cependant, la désaffection du quartier et la présence accrue de personnes en situation d'itinérance, particulièrement près du métro Beaudry, ont mené à des enjeux de cohabitation. « Il y a eu une énorme accumulation dans les dernières années de misère, là, vraiment », nomme Sayaka.


Mention photo: Camélia Boussaid
Mention photo: Camélia Boussaid

« Un laboratoire de littérature »


Alex Noël voit la librairie comme « un laboratoire de littérature » puisque les ouvrages proposés suivent les revendications actuelles. Parmi les questions ou les enjeux qui ont pris de plus en plus d'importance dans les dernières années, les ouvrages se sont aussi multipliés. Ainsi, d'après les souvenirs d’Alex, « les rayonnages étaient beaucoup plus blancs [en 2016] qu’aujourd'hui et il y avait un peu moins de place qui était faite aux enjeux trans, etc. »


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