Gabrielle Audet et ses apôtres musiciennes, Le Belladone, ont remporté la deuxième ronde des demi-finales des Francouvertes. La sororité se situe en troisième place du palmarès, derrière Soleil Launière et Sensei H, mais devant les autres artistes de la soirée, PRINCESSES et Nectar Palace.
Le Belladone, c’est une soirée pyjama entre amies qui tourne en catharsis punk rock. Les performeuses vêtues de dentelle blanche illustrent cette féminité immaculée et typiquement idéalisée par le regard masculin, mais avec une touche de sorcellerie et de perversion. La direction artistique de Gabrielle Audet est de loin l’une des plus abouties de tous et toutes les artistes qui participent au concours.
Les deux vocalistes secondaires créent des harmonies mystiques qui contrastent avec le rythme féroce de la batterie. L’atmosphère inquiétante, mais envoûtante, est réussie. Alors qu’une telle théâtralité pourrait avoir l’air forcée, la sensualité et la transe spirituelle de Gabrielle Audet brillent d’authenticité. « J’aimerais vous baptiser en tant qu’adeptes », affirme-t-elle. Elle est sûre d’elle autant dans les cris de rage que dans la langueur. L’orchestration d’envergure (contrebasse, violoncelle, batterie et synthétiseur, chant choral) impressionne malgré certaines imperfections. Seul bémol: les paroles qui relèvent parfois du cliché telles que Lolita, mais je ne veux pas être à toi de la chanson « Dent de lait ».
Les Francouvertes, un régal d’audace féminine
La rage féminine en réaction aux inégalités de genre ressort aussi comme une thématique centrale chez PRINCESSES. Leur rock engagé est musicalement solide, les deux meneuses, Marie-Philippe Thibault-Desbiens et Flavie Léger-Roy, s’adressent au public avec confiance et naturel; il va sans dire qu’elles maîtrisent pleinement l’art de la performance.
« Leonard de Vinci, si t’avais pris le temps d’analyser le clitoris, je pense pas que la Joconde aurait eu la même face », lance la guitariste dans un monologue satirique sur la méconnaissance de l’anatomie féminine. La chimie entre les trois musiciennes est palpable, et ce, même avec la mascotte de clitoris qui fait une apparition au milieu du spectacle. Livrés avec une énergie débordante, leurs textes font rire et danser, mais peinent à transmettre d’autres gammes d’émotions.
Embûches pour Nectar Palace
Pour clore les performances, Nectar Palace, groupe pop et électro-rock de Shaun Pouliot, livre son énergie de jeunesse téméraire avec légèrement moins de mordant que leur première prestation en ronde préliminaire. Il faut dire que les musiciens sont déstabilisés par l'absence imprévue de leur batteuse, Marie-Anne Tessier (qui devait aussi accompagner Le Belladone cette soirée-là). Ils réussissent à dynamiser la foule quand même avec le soutien instrumental d’une ligne de batterie préenregistrée. En résulte néanmoins une musique encore plus épurée qui accentue les maladresses de la voix du chanteur. Toutefois, mention spéciale au claviériste qui sautille sans repos comme s’il était à Osheaga!
Crédit photo : Alice Young
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