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Francouvertes, première soirée des demi-finales : la musique dans tous ses états

Ce sont 21 projets musicaux qui se sont livrés sur scène lors des préliminaires du concours dans l’espoir d’atteindre la prochaine ronde qui a commencé ce lundi. La première demi-finale opposait Karolan Boily, Soleil Launière et Sensei H. 


Les artistes et Soleil Launière se sont échangé la scène, entraînant l’assistance dans leurs énergies distinctes et offrant une soirée qui ne s'essoufflait pas.

Karolan Boily : entre équilibre et désordre


En début de spectacle, quatre musiciens s’emparent de la scène et remplissent l’ambiance sonore par des airs immersifs et aériens. Le synthétiseur éthéré et les lignes de guitare étouffées rendent une atmosphère douce, qui garde toutefois une pointe de tension. Les tambours expriment quelque chose de solennel, alors que les premières notes de voix surgissent des haut-parleurs. 


Karolan Boily s’avance lentement sur le plateau, micro en main. Son chant est juste et hypnotique, permettant un abandon qui ouvre bien sa présentation. L’intensité des instruments s’accroît pour atteindre un point culminant qui se libère par le début d’une chanson plus rythmée, plus post-rock. Le public se détend et peut apprécier les airs mélodiques de Karolan Boily et de ses acolytes.


Les montées en intensité se succèdent et se résolvent continuellement durant l’acte de Boily. Ses chansons parlent d’une année difficile, où la résilience et le lâcher-prise tentent de dominer les défis. Musicalement, elle incarne son thème à merveille, faisant cheminer le public à travers ses déboires et ses réussites avec des sons immersifs. Une chanson acoustique, où elle est seule avec sa guitare, permet un moment plus intime, ce qui donne un souffle à la performance et dévoile une facette moins extravagante de l'œuvre. Karolan Boily se taille la troisième position au palmarès des Francouvertes.



Soleil Launière: raconter son territoire


L’univers de Soleil Launière est riche, complet et complexe. L’artiste originaire de Mashteuiatsh transporte son public sur les terres où elle a grandi au moyen de textes imagés, de mouvements théâtraux et de musiques enivrantes. Dès son entrée sur scène, elle capture l’imaginaire avec des chants en chœur et des rythmes magistraux. Au cours de sa performance, des enregistrements résonnent dans la salle. Des passages de poèmes de Joséphine Bacon, des chants de gorges ou encore des battements de cœur accompagnent l’acte de l’artiste, donnant l’impression que son œuvre vit au-delà du Lion d’or.


Les chansons de Soleil Launière évoquent des récits troublants, touchants. Au bout raconte le jour où elle sera vieille, en union avec la nature; Piekuakami témoigne du manque qu’elle ressent, loin de chez elle; MMIWG2S parle des femmes autochtones disparues et assassinées. Cette dernière est particulièrement émouvante. L’artiste tient une corde rouge qu’elle détèrre et élève vers le ciel, tout en chantant en unisson avec son groupe: des cris de colère, de bataille. La rage qui occupe la scène est sidérante, mais rapidement remplacée par une douceur douloureuse.


La puissance de la performance de Soleil Launière réside dans la maîtrise de son fil narratif. Oscillant entre légèreté et hargne, elle guide admirablement son auditoire à travers ses histoires. Soleil Launière décroche la première place au palmarès du concours.


Sensei H: vaincre la peur un beat à la fois


Avec l’arrivée de Sensei H, l’énergie qui occupe la salle fait un 360. Après les formations musicales de cinq ou six personnes qui ont précédé, Sensei H et son acolyte Vérone semblent toutes petites sur la grande scène du Lion d’or. Toutefois, elles remédient rapidement à la situation en imposant leur rap audacieux. Vérone assure la contrebasse, donnant des lignes de basses écrasantes, alors que Sensei H déballe ses paroles si rapidement que le public ne peut que se réjouir à haute voix. Dans la salle, les cris fusent ici et là, les esprits s'échauffent et la confiance est vite donnée au duo sur scène. 


Durant ses interventions, Sensei H est timide, mais elle combat sa gêne par des blagues et une attitude décalée. Ça détend l’atmosphère et rend l’artiste très attachante. L’aisance entre elle et le public se décuple quand elle introduit sa chanson 10 novembre. C’est une pièce sur le pardon, celui qu’on demande et celui qu’on donne. Après de longues minutes où Sensei H livre des réflexions intimes et touchantes sur le sujet, la chanson percute l’auditoire. L’acte se conclut par la chanson Hors du commun, lors de laquelle le public chante et danse. 


Sensei H a livré une performance qui a suscité le désir d’en voir plus. Elle se taille la deuxième place au podium des Francouvertes. 



Crédit photo : Jean-Christophe Zéphir

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