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Expozine 2023 : célébrer les arts dans leur diversité

Pendant la première fin de semaine de décembre, le spacieux sous-sol de l’église Saint-Arsène a accueilli l’Expozine, une foire qui célèbre la diversité des zines et des artistes. Autopublications allant de la nouvelle littéraire au livre photographique, les zines font partie d’un monde surprenant où aucune frontière n’est tracée. Portrait d’un événement haut en couleur. 


Les zines d'Adeline Rognon

Lors de l’après-midi pluvieux du 2 décembre dernier, les visiteurs et visiteuses  affluent dans le sous-sol d’une église du quartier Villeray, où se tient la 21e édition de l’Expozine. De tout âge, le public se fraie un chemin à travers une foule compacte en se déplaçant de kiosque en kiosque afin de découvrir les œuvres des plus de 300 exposants et exposantes rassemblé·es pour l’occasion. 


Leurs créations, qui s'expriment en différentes langues et qui sont issues de différents milieux culturels et politiques, s’adressent à un public varié. Des maisons d’édition indépendantes ou autogérées dont la mission est en phase avec celle de l’Expozine sont également présentes. Parmi celles-ci figurent Écosociété, maison d’édition militante, et Drawn & Quarterly, spécialisée dans l’édition de bandes dessinées. Elles se retrouvent aux côtés d’artistes qui proposent photographies, affiches, autocollants, papeterie et, bien évidemment, zines autofinancés. 


L’Expozine et la diversité des productions qui y sont présentées sont au cœur d' enjeux liés à l’accessibilité et à la diffusion de la culture. Afin de comprendre comment les artistes naviguent ces enjeux et de saisir la signification du zine, Le Culte est allé à leur rencontre.  



Des magazines colorés pour enfants de la maison d'édition Grilled Cheese écrits par Kathleen Higgins
Les magazines pour enfants de Grilled Cheese  (@grilledcheesemag)

L’univers du zine : expressions artistiques et politiques 


Fabriqués à la main, autofinancés et autoédités, les zines permettent aux artistes de diffuser leur art et de partager leurs histoires sans avoir à faire face aux contraintes qui accompagnent souvent l’édition. Les zines présentés se déclinent ainsi en plusieurs formats, qui dépendent des ressources matérielles et de la démarche artistique de leurs autrices et auteurs.  


Indissociables de la scène culturelle underground et du militantisme, les zines permettent de partager les réalités de communautés marginalisées, longtemps censurées. Diffusant également des messages politiques, les zines encouragent la formation de milieux artistiques et de résistance. À titre d’exemple, Le dernier zine de l’artiste Aurore Juin porte sur l’expérience de la contrainte à la sexualité au sein du couple hétérosexuel, une histoire susceptible de sensibiliser le lectorat et de contribuer à sa prise de conscience. 



L’artiste Aurore Juin (@aurorejuin) posant à côté de son oracle prédisant l’année 2024

Pour Prune Paycha, le monde de l’autopublication permet d’éviter les contraintes des maisons d’édition tout en construisant un réseau autour de son art. Ses œuvres prennent la forme de livres de photographies, assemblant ses clichés autour de thèmes et d’esthétiques propres à elle. Les zines permettent de déjouer l’offre limitée de livres de photographies qui sont dispendieux. « Il n’y a pas de librairie [spécialement] pour les livres de photos », ajoute-t-elle. 



Quelques zines sur la table de Prune Paycha (@prunepix)

Partager son histoire


Exposante pour la première fois cette année, la graphiste autofinancée Kathleen Higgins propose des zines et des sacs de toile. Sa relation à la ville est partie prenante de son processus créatif. À l’aide de conversations entre ami·es, de listes de films et d’expériences personnelles, l’artiste construit un portrait original de la ville de Québec dont elle est originaire. Selon Kathleen, la création est un long processus qui peut facilement s’étendre jusqu’à « un an pour chaque zine ».


Dans le cas d’Axel Roy, le zine est un moyen de diffuser des histoires et des témoignages personnels. Artiste prolifique, iel écrit, illustre et publie toutes ses créations, qui varient de la poésie au collage. Un de ses zines, La capitulation des lendemains, représente des traumas à l’aide de dessins fragmentés, évoquant des souvenirs qui réapparaissent en petits morceaux. 



Axel posant derrière sa malle garnie de zines (@axel_et_ses_exuberances)

L'illustratrice Hekate croit aussi en la force artistique du zine. Pour elle, une création autopubliée peut prendre la forme « d’un livre-objet » contenant plusieurs utilités. Un zine original peut servir de décoration, de lecture de chevet ou de portail vers le monde créatif de l’artiste. 


Venue de Toronto, l’exposante Sruthi Rami offre des impressions de ses photographies ainsi que des zines sur une vie sexuelle libre de tabous. L’artiste adore capturer des paysages dans l’esthétique des années 70. Sa table présente des zines en forme de signets et de paquets d’allumettes dignes des motels des années 60. Selon Sruthi, il s’agit du parfait clin d'œil à ses voyages sur la route.


La table finement décorée de Sruthi Rami (@a_soul_in_a_city) invite le public dans son univers artistique

Il y a une magie dans le zine qui est unique à ce médium. La fébrilité et l’intérêt étaient au rendez-vous dans la grande fourmilière qu’était l’Expozine samedi dernier, où les artistes et le public pouvaient échanger de façon amicale. Face à la diversité d’œuvres et de sujets, il était simplement impossible d’en sortir les mains vides. 


Crédits photos : Camille Gonzalez


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