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Avant l’Archipel : méandres poétiques d’un amour déchu



Ça faisait une vingtaine de minutes qu’elle marchait sur le boulevard Pie IX, à Montréal et il faisait trop noir en ce soir de décembre. La jeune femme, vêtue d’un simple manteau de printemps, commençait à regretter d’avoir perdu ses gants, car les griffes de l’hiver s’étaient déjà attaquées à ses doigts engourdis.


Elle avançait à tâtons en grugeant ses dernières données mobiles pour se diriger dans ce jardin de bitume. Au loin, parmi le lot de pollution lumineuse, elle aperçut le théâtre Denise-Pelletier. Satisfaite, elle éteignit son téléphone avant de s’engouffrer dans le portique.


Elle devait aller voir le spectacle Avant l’Archipel. Trop prise par ses devoirs d’étudiante paumée, elle avait omis de s’informer sur la pièce. Elle prit une brochure à l’entrée de la salle Fred-Barry et la lit en diagonale.


Elle n’y comprit rien.


Une fois dans la salle, elle fut surprise de voir la proximité du public avec la scène. On y voyait un cadre de porte et deux quais. Sur celui du centre, des planches de bois trônaient. Divers accessoires y étaient accrochés.


Deux hommes vinrent saluer les spectateurs. L’un d’entre eux resta sur scène.

Dès que la lumière commença à vaciller, la salle s’est tût. Plongée dans la pénombre, la jeune femme fut fascinée par un bruit.


Ce bruit devint de la musique, lorsque l’homme commença à chanter. Une femme est ensuite venue le rejoindre.


Les deux protagonistes parlaient au public comme s’ils improvisaient. Le quatrième mur était brisé.


Au bout de sa chaise, l’étudiante entra dans leur univers fantastique. Elle rejoignit Lénaique la Magnifique et Brévalaire Spectaculaire dans leur idylle. Ils posaient des questions à certains spectateurs et ces derniers leur répondaient, intrigués de voir l’évolution de leur histoire d’amour. Armé de son ukulélé, Brévalaire faisait la cour à sa belle tout en charmant le public, pendu à ses lèvres.


Cet amour émanait de sincérité, venant la toucher. Elle souriait. Pendant plusieurs minutes, elle oublia l’hiver, le froid et sa fin de session universitaire qui lui mangeaient les neurones.


Or, la fête se termina lorsque la scène fut plongée dans la pénombre. Brévalaire jouait de son instrument, penaud. Sa belle Lénaique s’était perdue dans une mer de larmes.


L’étudiante comprit que, comme dans vie, leur amour ne s’était pas produit au bon moment. Les destinées des protagonistes se séparèrent, tourmentées par leur réalité qui freinait l’avènement de leur amour.


À la fin de la pièce, elle sortit de la salle, inspirée par ce qu’elle avait vu. Dehors, il faisait maintenant moins froid.

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