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Traverser les générations avec la fanfare Pourpour

La fanfare Pourpour, formée en 1995, lançait au début de l’automne 2023 son sixième album intitulé Ce que nous sommes. Un respect vibrant envers ses racines et des liens forts entre ses musiciens et ses musiciennes caractérisent l’esprit de l’ensemble, attaché malgré lui à l’histoire contemporaine du Plateau Mont-Royal.



La fanfare Pourpour existe depuis près de 30 ans,et pourtant, les prémices de la formation remontent à un passé encore plus éloigné.


En 1974, des dizaines de musiciens et musiciennes amateurs du Plateau Mont-Royal se retrouvent chaque semaine pour jouer sous le nom de l’Enfant Fort (un jeu de mots avec les sonorités de « fanfare »). À l’image de la Pourpour, l’ensemble prône un esprit d’ouverture et une accessibilité à rejoindre ses rangs.


« Tout le monde pouvait venir dans l’Enfant Fort, ceux qui savaient jouer, ceux qui savaient moins jouer, explique Lou Babin, co-fondatrice, accordéoniste et chanteuse de la fanfare Pourpour. Chaque samedi, on faisait des parades dans la rue. »


L'Enfant Fort en 1975 - Pierre Crépô

L’aventure de l’Enfant Fort s’est étalée sur deux ans, avant que les moutures n’évoluent sous des appellations différentes au cours du reste des années 70 et des années 80.


En 1995, une poignée de ces artistes décident de se retrouver pour fonder un nouvel ensemble, la fanfare Pourpour. La formation gonfle à travers les années, comptant 11 membres en 1999, année qui marque le lancement de son premier album, Tout le monde.



Composer dans l’amitié


« C'est un orchestre extraordinaire. C'est une famille d'artistes, en fait. » Le terme « famille » n’est pas utilisé par hasard par Lou Babin alors que l’ensemble accueille des membres étant réellement liés par le sang.


Des enfants de membres originaux de la fanfare Pourpour ainsi que leurs enfants à eux partagent aujourd’hui la scène avec les pionniers et les pionnières de l’ensemble.


« C'est multigénérationnel. Le plus jeune, Loïc, il a 17 ans, puis le plus vieux, Luc, en a 72 », explique Pierre-Emmanuelle Poizat, dit « Pep », clarinettiste de la fanfare Pourpour.


« En 1998, j'étais déjà venu au Québec, en voyage, avant de vivre ici. Puis j'avais vu la fanfare Pourpour en spectacle, par hasard. Je me souviens vraiment très bien quand je les ai vus en concert, je me suis dit « mon Dieu, ce serait tellement le fun de faire partie d'un orchestre pareil. » Puis deux ans plus tard, j’en faisais partie », se remémore Pep.


Une tradition renforce les liens d’amour et d’amitié entre les membres de la fanfare Pourpour. À l’été, la vingtaine de membres se retire annuellement en résidence dans les Appalaches durant plusieurs jours : « Ce sont des prétextes à des soupers. Pis on fait de grosses répétitions, là! », rectifie Lou Babin.


Malgré l’agenda chargé de ces artistes populaires, les acteurs et les actrices de la Pourpour parviennent à trouver du temps pour se rassembler chaque année.


« Tout le monde met sa touche pour que ça fonctionne, le projet est tellement fort et intéressant que l'on trouve toujours des plages pour jouer ensemble », énonce Lou Babin.



Une offrande distincte


La fanfare Pourpour se concentre sur une musique jazz aux influences klezmer et tziganes. À la différence d’une majorité de fanfares à travers le monde, les 21 musiciens et musiciennes de la Pourpour présentent presque exclusivement du matériel original.


« Presque tout le monde compose dans la fanfare Pourpour. Sur chaque album, tu vas avoir entre 5 et 10 compositeurs différents », fait valoir Pep.


Le sixième opus de l’ensemble se distingue du reste de la discographie de la formation, d’après Lou Babin. « [Ce que nous sommes] a une ampleur nouvelle, beaucoup de nuances, souligne l’accordéoniste. On a vraiment pris le temps de peaufiner en studio les arrangements, l'exécution. On a enregistré en section, aussi. C'est la première fois qu'on fait ça », poursuit-elle.


Le plus récent album de la Pourpour laisse entendre des instruments qui n’avaient jamais été accueillis sur les bandes d’un projet de l’orchestre auparavant, comme la guitare électrique, le piano, le erhu (un instrument traditionnel chinois) ou le marimba.


Pierre-Emmanuel Poizat confirme qu’un surplus de compositions a été amassé par les musiciens et les musiciennes de la fanfare Pourpour durant les trois dernières années de la création de Ce que nous sommes, et que l’album suivant pourrait paraître plus rapidement que ses prédécesseurs.



Proche de l’autre


« Avec la fanfare Pourpour, on peut mélanger différents registres musicaux, à la fois légers puis à la fois sérieux, à la fois tristes et à la fois gais, exprime Pep. C'est une forme de musique qui fait beaucoup appel aux émotions assez directes. Les gens, quand ils nous voient en spectacle, ressentent quelque chose indépendamment de la musique en elle-même, continue-t-il. Ils vont beaucoup plus se concentrer sur l’effet que ça procure. »


À la manière de ce mariage des styles, la Pourpour aime combiner les différentes formes d’arts. L’ensemble a collaboré, durant les années 2000 et 2010, avec les chorégraphes Les Sœurs Schmutt.


« C'est une autre aile de la Pourpour, Les Sœurs Schmutt. Elles amènent un côté très poétique, elles sont très présentes », commente Lou Babin, en référence à des projets comme Le cabaret sous les arbres ou Dans les nacelles de Pourpour.



Lou Babin, membre de l’ensemble depuis l’Enfant Fort, se questionne sur la suite du projet et sur la manière dont la nouvelle génération pourra apporter sa patte et son regard nouveau sur la fanfare Pourpour.


« On partage nos expériences. Ça bouge, ça évolue. Je suis fière. Je trouve que c'est une belle aventure de création », conclut-elle.


Crédits photos : Denis Martin

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