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Portraits d’enfances malmenées avec L’âge du consentement

Crédits photo: Théâtre Prospero


L’âge du consentement, une traduction de la pièce The Age of Consent du dramaturge américain Peter Morris, est présentée au Théâtre Prospero du 8 au 19 février 2022. À travers deux monologues, cette mise en scène de Philippe Gauthier explore les facettes les plus sombres de l’existence humaine et la démarcation arbitraire qui existe entre l’enfance et l’âge adulte.


Tout au long de la pièce, deux histoires se relaient. D’une part, celle de Rachel, une enfant-star instrumentalisée dont le récit est raconté par sa mère, Stéphanie, jouée par Isabeau Blanche. D’autre part, celle de Timmy, un enfant meurtrier maintenant adulte qui s’apprête à quitter son centre de réhabilitation, interprété par Dominik Dagenais.


Dès que le public arrive dans la petite Salle intime du théâtre Prospero, il est plongé dans le spectacle : le personnage de Stéphanie est déjà sur scène. Les spectateurs et spectatrices peuvent observer leur reflet dans de grands miroirs Fantins installés sur scène. En entrevue avec Le Culte, Philippe Gauthier explique que ce décor a comme objectif de cerner les personnages, mais aussi de provoquer des moments d’introspection chez le public alors qu’il ne sait pas s’il doit s’attacher aux personnages ou les rejeter.


Cette ambiguïté est d’ailleurs maintenue avec adresse tout au long de la pièce. La tension entre Stéphanie et sa fille devient très apparente lorsque la mère adolescente raconte comment elle dresse Rachel comme un animal de cirque. « Stéphanie, c’est une enfant qui éduque une autre enfant. Elle n’a pas les précautions qu’on doit avoir quand on est un adulte ou un parent, et c’est ce qui amène Rachel au bord du gouffre », indique le metteur en scène. Ainsi, on ressent à la fois du dégoût et de l’empathie en écoutant le monologue de Stéphanie.


Du côté de Timmy, l’ambivalence est aussi présente. Le public l’observe alors qu’il dit ne pas savoir pourquoi il a tué un autre enfant lorsqu’il avait dix ans. Pendant qu’il raconte avec colère comment les journaux utilisent son histoire comme une source de divertissement, on éprouve de la pitié envers lui. En dépit de son crime et de son enfance sans mère, Timmy rêve d’être comme les autres et de travailler sur son intellect. « La grande question de Peter Morris, c’est de savoir si on peut faire confiance à ce petit garçon-là », raconte Philippe Gauthier. Par conséquent, la pièce réussit à créer une sorte d’appréhension malaisée envers Timmy.


Bien que les monologues racontent deux histoires différentes, ils se répondent par leur thème : ils retracent le récit d’une enfance malmenée et se questionnent sur la vulnérabilité des enfants dont les circonstances familiales dérogent à la norme. Grâce à un jeu nuancé qui soutient ce questionnement sans pour autant lui répondre, L’âge du consentement reprend avec brio le texte de Peter Morris.


L’âge du consentement est présentée au théâtre Prospero jusqu’au 19 février prochain.

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