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Inside : à l’intérieur du banal

Crédit photo: Marilena Stafylidou


L’artiste multidisciplinaire Dimitris Papaioannou revient à l’Usine C avec une projection d’une durée de six heures, sans amorce ni aboutissement, immergeant le spectateur dans la banalité du quotidien.

Inside était, à la base, une installation au Théâtre Pallas d’Athènes en 2011. Pendant 20 soirs, les interprètes se sont livrés à leur quotidien. La dernière représentation a été filmée en un seul plan-séquence fixe; c’est la performance du dernier soir qui a été projetée à l’Usine C sur écran géant. Il faut savoir que cette œuvre agit aussi comme un testament de ce qui est possible au théâtre. Avant le début de la projection, son créateur a expliqué que cette expérimentation était motivée par ses réflexions sur ce qu’est le théâtre et ce qu’est l’action sur scène.

Trente interprètes livrent corps à la répétition et à la futilité des actions omniprésentes de nos vies. Prendre une douche. Déjeuner. Allumer la lumière. Regarder. Se déshabiller. S’asseoir. Ces êtres passent dans un appartement minimaliste et y repartent. Il y a une fenêtre, un paysage changeant, un balcon, un lit, une chaise, une table… L’espace est grand. Il laisse habiter les mouvements de ses occupants dans un espace-temps indéfini. Ces personnes se croisent sans cesse, mais ne se regardent jamais : elles vivent dans des réalités indépendantes.

Plus les heures défilent, plus les remarques et les pensées des spectateurs sont guidées, voire forcées, vers l’insignifiant. Le résultat est un sobre, long et mélancolique questionnement sur l’essence de nos gestes; une expérience unique en tant que spectateur. Le public a le droit d’entrer et de ressortir à son aise. Dans la salle, des poufs offrent un confort aux spectateurs traversant cette épreuve.

« Épreuve » n’est pas nécessairement péjoratif. Il est impossible de nier l’exercice mental que constitue le témoignage de la brutale platitude de notre quotidien de cette manière, pendant aussi longtemps. Au bout de quelques heures, le spectateur ne sait plus trop ce qu’il regarde. Peut-être est-ce bien ? Il y a certainement une dimension poétique derrière la mûre observation de ces intimités. Franchement, difficile d’en tirer des conclusions.

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