Crédits photo: Jackie Basquin
L’exposition Deux mille ben mieux, présentée en décembre au Quai des Brumes, met de l’avant le travail de collage et de découpage de l’artiste visuelle et designer graphique montréalaise Marin Blanc. Elle souhaite transmettre un peu d’espoir par ses illustrations et colorer quotidiennement une époque qui a du vague à l’âme.
Alignées sur les murs avec symétrie, les grandes impressions de Marin Blanc découpent l’espace. Ses collages originaux ont été agrandis, donc leurs détails et la précision des coups de ciseaux sautent aux yeux. Cette exposition, la première de l’artiste depuis la pandémie, est symbolique : « Dans la dernière année, faire ces collages a été thérapeutique et m’a permis de reconnecter avec le plaisir de créer », partage-t-elle. Par sa sonorité amusante et teintée d’espoir, le nom de l’exposition lui est venu comme un encouragement pour affronter l’année à venir.
Les couleurs vives des images se remarquent immédiatement, habillant les formes géométriques monochromes. « Quand on regarde mes œuvres, c’est super coloré, mais ce que j’essaie de faire, c’est de prendre toutes les choses négatives et de les transformer en positif », justifie Marin Blanc. Les nuances de rouge, de jaune, de bleu et de vert contrastent avec des photos en noir et blanc et des extraits de textes choisis dans un souci poétique visible.
L’art comme exutoire
Par-dessus ces assemblages ton sur ton de papier, Marin Blanc utilise la peinture de façon très instinctive, notamment par des éclaboussures. « Il y a un côté abstrait, un certain défoulement pour laisser passer tout ce que je n’ai pas envie de vivre et pour accueillir des choses plus heureuses », explique la jeune femme. Avec ses œuvres, elle souhaite inspirer le public à lâcher prise et à se reconnecter avec lui-même.
Les illustrations semblent se répondre dans leur simplicité et dans l’accent mis sur certaines silhouettes, certains fonds ou certains mots. « Je fais beaucoup plus de soustractions que d’additions, j’aime partir d’une photo et essayer de l’épurer le plus possible, de refaire sortir un détail qu’on ne voit pas », évoque l’artiste.
Regard empreint de sensualité
« Il y a une sensualité dans mes œuvres qui me permet de me réapproprier mon corps, de décider de ce que j’ai envie de montrer au moment où j’ai envie de le montrer », confie Marin Blanc. C’est par des autoportraits qu’elle exprime ce besoin, mais aussi par l’utilisation d’images de corps féminins nus. Des mains délicates, des yeux expressifs et des visages rêveurs sont mis en valeur dans ses collages, leur ajoutant une sensation de chaleur.
« Je trouve ça important d’apporter un regard féminin sur le corps de la femme, parce qu’on est habitués à voir de la nudité ou des portraits faits par des hommes qui ont un certain type de sensualité que j’aimerais voir changer », ajoute la jeune femme, inscrivant ainsi son travail dans une démarche engagée.
Éloge à des femmes mémorables
Deux mille ben mieux est une façon pour Marin Blanc de rendre hommage à deux femmes qui l’ont marquée : sa grand-mère Claire et sa grand-tante Marie Langlois, artiste peintre et sculpteuse décédée l’année dernière. « Ma grand-tante a été un modèle pour moi. C’était une artiste, quelqu’un dans la famille qui a toujours vécu de son art et qui m’a permis de me dire que c’était possible comme vie », souligne-t-elle.
Sa grand-mère, quant à elle, lui a transmis la passion du collage, l’initiant toute jeune au découpage et à l’assemblage de retailles de toutes sortes.
Marin Blanc a aussi choisi de souligner le travail de femmes importantes dans l’histoire québécoise du dernier siècle en insérant les anniversaires de plusieurs d’entre elles dans les pages de son calendrier 2022, en vente sur son site web.
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