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Photo du rédacteurChristophe Boucher-Rouleau

The Holy: Une électronique sainteté



Olivier Lamontagne, a.k.a. The Holy est un DJ et producteur émergent de la scène house montréalaise. Sa carrière, ayant débuté modestement dans son Joliette natal, suit maintenant une courbe exponentielle. En plus d’avoir participé à nombre d’événements phares de la métropole tels l’Igloofest et le Piknik Électronik, il accumule les apparitions en ouverture de DJs internationaux. Je suis allé le rencontrer à son studio du Ausgang Plaza pour retracer son parcours, jaser de philosophie créative et discuter de ce qui le fait vibrer ces temps-ci.

Comment a commencé ton histoire d’amour avec la musique?


Mon père a une salle de réception et est lui-même DJ depuis qu’il a 12-13 ans. J’ai été élevé dans ça, la musique a toujours fait partie de ma vie. Puis, j’ai vraiment embarqué dans la musique électronique quand j’avais 17-18 ans, avec des artistes comme Justice, Bloody Beetroots, et Crookers. C’est à partir de là que j’ai eu envie de mixer et de montrer ma musique au monde. Au début on était trois gars à Joliette qui ont commencé à organiser des partys de musique électronique. Ça a tout de suite bien marché, même si à l’époque les gens comprenaient pas vraiment! (rires)

Suite à ce succès-là, tu as su immédiatement que c’est ça que tu voulais faire de ta vie?


Non vraiment pas! Au départ je voyais plus ça comme un hobby, comme une passion, mais dont tu peux pas vraiment vivre. J’avais rien contre ce que faisait mon père, mais moi ça me tentait pas de faire des événements corporatifs, d’être crowd-pleaser à fond, d’avoir à jouer du top 40, des valses et des swings. (rires) C’était plus un sideline. Je savais que je pouvais mixer dans des bars et organiser des soirées, mais pas à temps plein.

Donc, comment en es-tu arrivé à te concentrer à 100% sur la musique?


Je ne mixais presque plus à  mon arrivé à Montréal en 2014. J’ai commencé à étudier en gestion et design de la mode à l’UQAM, pour ensuite me concentrer sur ma compagnie de vêtements C’est Beau. Un soir, la gérante du bar où je travaillais, le Madame Lee, m’a proposé de mixer pour une soirée, et c’est comme ça que je me suis remis dedans. À partir de là, les choses ont décollé. J’ai commencé à avoir de plus en plus de gigs, j’ai ouvert mon soundcloud, etc. En parallèle, y’a un de mes amis de Joliette, Kora (Mike Robia) qui lui, a make it. En ce moment il joue un peu partout dans le monde. On a commencé à faire de la musique ensemble, sauf que lui a toujours continué, est toujours resté focus. Ça m’a donné un exemple à suivre.



Et cette décision-là, te consacrer toute ton énergie à la musique, elle est arrivée quand?


En 2017. Ça va faire deux ans au mois d’avril. Cette année-là j’ai atteint tous les objectifs que je m’étais fixés. Mais veux/veux pas, Montréal c’est petit. Donc c’est là que j’ai commencé sérieusement à produire de la musique. Pour s’exporter, t’as pas le choix d’avoir tes propres tracks. Même si tu mix bien, que t’as une bonne sélection, tu vas seulement rester un parmi tant d’autres. Pour sortir du lot tu dois avoir ton propre son. Depuis, j’ai passé mon temps, j’sais pas combien d’heures, à peaufiner mes trucs, faire de la musique, écouter des tutoriels, collaborer avec d’autres artistes, aller dans des rencontres, prendre des cours par-ci par là. L’an dernier je devais peut-être partir avec ma blonde en Europe, mais je voulais pas perdre le focus sur tout ce que je faisais. J’me suis dit « fuck off » je vais me concentrer à 100% sur The Holy et m’arranger pour que ça marche bien, puis la première fois que je vais aller en Europe ça va être parce que je vais être booker là-bas. À part mes gigs de DJ et les deux soirs par semaine où je travaille comme Barman au Newspeak, tout mon temps est consacré au studio.


Parlant de studio, tu le partages avec le duo montréalais 99 wolves. Comment s’est amorcé votre collaboration?


Ça fait un peu plus d’un an que je connais Laurent (Moses Bélanger) et Boyan (ELMNT). Ces deux gars-là ont été des révélations. Ça faisait longtemps que j’avais pas rencontré des gens avec qui je m’entendais aussi bien au niveau musical. On a commencé à faire de la musique ensemble, et puis on n’a jamais arrêté. On est un peu tous dans le même struggle, vu que tout le temps qu’on passe à travailler sur de la musique est un investissement, de l’argent en devenir. Quand ça va moins bien on se motive à ne pas lâcher. Ce serait trop facile de se prendre un 9 à 5 et de faire la musique on the side sans que ça avance vraiment. On ne vit pas la rockstar life, mais on commence à voir la lumière au bout du tunnel. On a des bons gigs, on est capable de bien se faire payer, puis ça va juste aller en s’améliorant…

Quand tu arrives au studio, comment ça se passe? Comment décrirais-tu ton processus créatif?


Ça arrive parfois que j’aie quelque chose en tête et que j’essaie de le reproduire, mais principalement je me fie à mon mood. Parfois j’ai le goût de faire un beat plus excité qui joue dans un club, et d’autres fois je feel plus smooth et j’ai envie d’un track plus émotionnel, qui s’écoute plutôt dans des écouteurs. Je commence toujours avec un kick (grosse caisse) dont le rythme suit mon inspiration. Après ça je commence à jouer avec la basse ou encore des accords de piano jusqu’à ce que quelque chose m’accroche. Puis je garnis le beat, mais toujours à partir du kick.

Et pour les noms des chansons, d’où vient l’inspiration?


J’essaie d’y aller avec la première sensation que m’évoque un track, par exemple, « L’eau » puis à partir de ça je continue à l’écouter et je trouve quelque chose de connexe. Ou encore pour le track « Daily Routine » j’ai inclus plein d’éléments qui rappelle la journée d’un gars qui s’en va travailler: le cadran qui sonne au départ, la douche, le rasoir, le char qui démarre etc.


Et en ce moment, quels sont les artistes qui t’influencent? Est-ce que tu as quelques noms en tête?


On dirait qu’à chaque fois qu’on demande ça je suis embêté (rires). Il y a tellement de bonne musique ces temps-ci… J’ai pas d’artiste préféré. Autant je peux adorer un artiste, mais il peut sortir quelque chose plus tard qui est moins dans mes cordes. C’est vraiment par vibe, sur le moment même. J’ai beaucoup d’inspirations, mais j’ai pas vraiment un artiste en particulier sur lequel je me fie. Je m’inspire de tout ce que j’écoute, puis je fais quelque chose avec ça, plutôt qu’un artiste en particulier, parce que ça va trop me porter à répliquer ce qu’il fait.

Puis est-ce que tu as un set préféré? Une soirée où tout était parfait?


Le 9 février quand j’ai ouvert pour Kyle Watson avec Moses au Newspeak, c’était insane. Sinon quand j’ai ouvert pour Laidback Luke en Août 2018 au Newspeak pour l’after-party de l’Île Soniq. La salle était déjà pleine quand je suis arrivé, j’ai vraiment pu jouer mes trucs, être moi-même. C’est ça le best, quand tu peux vraiment jouer ton son et que les gens sont réceptifs. Quand t’hésites pas, que tu mets tous les tracks que t’as envie de mettre, c’est malade, y’a pas de limites…

Le dernier single de The Holy: « Great White Shark », en collaboration avec Moses Bélanger est disponible depuis le 5 Mars en écoute sur Soundcloud et autres plateformes de streaming. Pour les intéressés, The Holy performera gratuitement le 16 mai à l’ouverture d’Aire Commune.


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