Alors que les Montréalais sont privés de festivités et de boîtes de nuit depuis des mois, le groupe déjanté de hip-hop alternatif Ragers présente aujourd’hui son nouvel EP Tant qu’à y être, nous ramenant aux dernières soirées de délire sur le boulevard Saint-Laurent et aux folies d’une rencontre amoureuse.
Cela fait déjà quelques jours que le groupe crée de l’engouement pour ce nouveau projet avec la sortie de Goût cerise, l’une des pistes sur le EP. Ce morceau nous donnait un bel avant-goût de ce qui attend les auditeurs sur le nouveau projet. Solo de guitare électrique en entrée, voix de fond en écho exubérant, refrains entraînants aux paroles qui méritent d’être criées aux petites heures d’une soirée pompette, tout y était et Ragers nous en donne encore plus aujourd’hui.
Une particularité propre à la musique de Ragers et qui reflète assez bien la culture de la métropole, c’est ce mélange de l’anglais et du français. Cette caractéristique est proéminente dans chaque piste du EP. Chaque texte est un manifeste de l’argot poétiquement grotesque du groupe et, ironiquement, on peut même entendre le chanteur principal rugir la phrase « Je m’en fou, j’ai la langue sale » sous les rythmes effrénés de la piste du même nom.
Tous les éléments sont présents pour que cet EP aux couleurs punk-urbaines propres aux Ragers soit un franc succès. Pourtant, on peut sentir une perte d’authenticité dans ce nouveau projet. Après un album de qualité comme Raw footage, il aurait été intéressant de voir une revisite de ce style hip-hop indie percutant au son organique. Tant qu’à y être nous donne beaucoup cette impression de transition vers un style plus commercial.
Les pistes Hasta la Vista et Ma fête, par exemple, ont toutes les deux une mélodie similaire à celle des productions de musique américaine populaire qu’on peut entendre dans les radios des détaillants de mode. Certes, les paroles donnent envie de danser, mais elles manquent de ce côté plus complexe et recherché qu’on retrouvait dans leur dernière collection musicale.
On peut quand même applaudir leur travail si on observe bien la constance qui règne dans tout l’EP. L’expérimentalisme peut souvent passer, tout comme il peut très bien casser, et Ragers l’a très bien exploré. Tant qu’à y être est coloré, provocateur et surtout évocateur de la culture urbaine montréalaise.
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