Sons lugubres, art gothique, rap-métal saccadé, percussions dramatiques: une performance évocatrice de l’artiste Backxwash lui permet de récolter 50 000$ pour le prix Polaris du meilleur album canadien de l’année, lors de la soirée de célébration du 19 octobre passé.
Choquée et incrédule face à ce qu’elle venait de vivre, Ashanti Mutinta, dit Backxwash, a trouvé ses mots pour remercier toute l’équipe derrière la réalisation de son album God has nothing to do with it leave him out of it. Cette collection musicale profondément teintée d’un message politique a réussi à charmer les Canadiens et lui a permis d’être la première femme transgenre à remporter un Polaris.
«Tout ce qu’il manquait à ma musique, c’était une touche d’histoires personnelles. J’avais peur de mettre ça sur disque, mais j’ai trouvé le courage de le faire et de m’exprimer le plus honnêtement possible. L’important est de faire de la musique que l’on veut faire et c’est ce que j’ai fait », a expliqué la rappeuse, encore fébrile. La Montréalaise a raflé la première place face à des adversaires de taille, dont l’artiste de musique électronique Caribou, la très acclamée chanteuse de R&B Jessie Reyez et le groupe indie rock autochtone Nêhiyawak.
La journaliste Saroja Coelho a guidé les auditeurs à travers la soirée et a débuté la cérémonie par une formule de reconnaissance du territoire appartenant aux tribus des Premières Nations. Par ailleurs, la soirée du Polaris est reconnue depuis les dernières années comme étant un acteur important dans l’industrie musicale canadienne pour avoir donné tribune à de nombreux artistes autochtones, noirs et issus des minorités genrées.
Cette année, par mesure de précaution, la cérémonie s’est entièrement déroulée en ligne: les artistes ont été filmés à l’avance sur leur ressenti d’être nominés, les amateurs se sont exprimés sur un « live chat », les commentaires des membres du jury s’affichaient à l’écran et le discours de la grande gagnante s’est fait à distance. Spécialement cette année, pour remplacer les performances musicales habituelles, le Polaris a donné le mandat à dix artistes visuels de produire chacun un court-métrage honorant chacun des dix albums du palmarès. « 2020 peut sembler très différents des années passées, mais nous souhaitions tout de même célébrer avec style », a lâché avec candeur l’animatrice en début de soirée.
Le producteur montréalais KAYTRANADA faisait aussi parti de la dizaine d’artistes mis à l’honneur au gala annuel grâce à son récent album BUBBA. Malheureusement pour lui, son deuxième opus n’a pas eu autant de succès auprès des critiques que son premier projet « 99.9% » qui lui avait valu le prix Polaris de l’année 2016. Néanmoins, la membre du jury Kelsey Adams avait un avis contraire et estimait qu’il méritait de gagner. « Avec BUBBA, KAYTRANADA a parfaitement capturé la sensation d’être dans une boîte de nuit qui dégage la transpiration en dansant comme s’il n’y avait pas de lendemain, alors que le blizzard de l’hiver canadien fait ravage à l’extérieur », a-t-elle louangé.
Pour ceux qui souhaiteraient revoir le gala et ses performances cinématographiques, l’enregistrement complet est disponible sur la chaîne Youtube de CBC Music.
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