Les Perdants de Jenny Cartwright a ouvert la 43e édition des Rendez-vous Québec Cinéma le 19 février dernier. Le documentaire fait l'autopsie d’un système électoral inéquitable pour éclairer les voix oubliées
La réalisatrice et militante politique s’adresse à tous les Québécois et Québécoises dans son manifeste diffusé pour la première fois à l’auditorium de l’Université Concordia. « Le plus grand festival de films d’ici au monde » envoie un message fort aux politicien·nes et artistes montréalais rassemblé·es pour voir le cinéma d’ici rayonner.
La salle est immédiatement bombardée de statistiques sur la représentativité démocratique qui stagne alors qu’elle a longtemps évolué en montagnes russes. Cartwright suscite la réflexion pour que l’idée d’une révolution fasse son chemin plus rapidement.

Mention photo: Facebook de Québec Cinéma
Les faits qui font taire
Le documentaire rappelle à l’ordre et nourrit un désir de changer les choses. L’ouroboros, le dragon qui se mord la queue, illustre efficacement le cercle vicieux qu’entretiennent nos dirigeants provinciaux. Les partis qui forment les gouvernements promettent l’un après l’autre de changer le mode de scrutin, mais n’en font rien ensuite.
Les époques sombres telles que la Grande Noirceur témoignent concrètement de l’impact d’un système électoral non représentatif. Maurice Duplessis est élu en 1944 avec moins de suffrages qu’Adélard Godbout entretenant l'illusion du pouvoir de l’électorat.
Les constats à l’origine de l'œuvre se répètent d’une décennie à l’autre depuis l’instauration du système uninominal majoritaire. La Coalition Avenir Québec a formé un gouvernement majoritaire aux dernières élections avec 40% d’appui, mais la réalisatrice s’intéresse aux 60% restants qui ont l’impression de perdre leur place dans la démocratie.
S’approprier le mur avant de le frapper
Le parcours de trois candidats atypiques aux élections provinciales de 2022, met en lumière le lourd processus d’une campagne. Le pari était perdu d’avance pour les aspirants députés, n’appartenant à aucune des formations qui monopolisent les bulletins de vote.
Renaud Blais est candidat pour le Parti Nul qui dénonce le dysfonctionnement des institutions électorales et revendiquant une case nulle sur les bulletins de vote. Les voix des indécis ne servent présentement qu’à renflouer les coffres des cinq principaux partis politiques, les retombés des votes annulés leur étant redistribués.
En interpellant sa communauté dans sa récolte des 100 signataires, l’enseignant au collégial se frotte régulièrement aux rires méprisants. Un homme l’ayant confronté sur la pertinence de sa démarche a miraculeusement fini par signer la liste d’appui du candidat indépendant, ne laissant d’autre choix au public que d’applaudir.
Retraité de l’Institut du tourisme et d'hôtellerie du Québec, Jean-Louis Thémistocle, surnommé « Chef Thémis », propose humoristiquement une société qui se concentre davantage autour de la gastronomie. Le Parti culinaire du Québec couvre malgré lui plusieurs enjeux qui touchent beaucoup de québécois. Ce passionné de cuisine conviviale est ,d’après ses dires, le résultat d’une immigration réussie et ramenant la nourriture à l'avant-plan à une époque où la précarité alimentaire ne cesse de gagner du terrain.
Le ministère de la Nouvelle Normalité met en scène Elza Kephart sous la perruque d’Hélène Touz, un personnage politique ludique et provocateur. Elza exprime avec légèreté son ras-le-bol de l'aveuglement volontaire des gouvernements en place sur les vrais enjeux de la société. L’activiste soutient que les problèmes des Québécois ne peuvent pas éternellement être mis sur le dos de la pandémie.
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