Crédits photo: Festival du Nouveau Cinéma (FNC)
Avec Les oiseaux ivres, film sélectionné pour représenter le Canada lors de la 94e cérémonie des Oscars, le réalisateur et co-scénariste Ivan Grbovic (Roméo Onze) joue avec le temps, comme pour montrer que certaines choses intangibles, comme l’amour que l’on porte en soi, sont immuables.
Dans Les oiseaux ivres, l’union romanesque entre les personnages de Willy et Marlena rappelle les grandes histoires d’amour impossible. Jorge Antonio Guerrero, déjà remarqué dans Roma du réalisateur Alfonso Cuarón, est renversant dans le rôle du héros torturé à la sensibilité exacerbée. Son personnage, à la solde du bandit dont Marlena est la femme, part à la recherche de cette dernière lorsqu’elle disparaît. Une piste le mènera au Québec, où il se fait embaucher comme travailleur saisonnier sur une terre où la laitue est cultivée de génération en génération.
La quête de Willy pour retrouver la femme qu’il aime, par le biais d’allers-retours temporels, s’enchevêtrera avec l’histoire de la famille de la ferme Bécotte. Marine Johnson, dans le rôle de Léa, la fille des propriétaires, est d’une aisance et d’une franchise rares à l’écran.
Le réalisateur se plaît à évoquer le passé de façon extrêmement vivante, presque surnaturelle, en intégrant les souvenirs au présent. On notera par exemple la scène où le personnage de Julie (la sincère Hélène Florent) sort de la maison pour pénétrer dans le champ de maïs, ou encore celle où elle voit passer Willy près de la serre. Ces lieux sont le théâtre de réminiscences, comme d’autres éléments du film qui font revenir les personnages en arrière.
Visuellement sublime, le long-métrage exploite avec brio les effets produits par différentes sources de lumière, poétisant ainsi l’univers au sein duquel gravitent les personnages. Le crépuscule d’un orange rosâtre, les rayons de soleil entre le feuillage des arbres et les matières réfléchissantes comme les paillettes de la robe de Léa viennent enchanter les lieux où l’action se déroule. La ferme Bécotte devient un endroit fantastique hors des barrières du temps ; la lentille de Grbovic lui insuffle un réalisme magique. Les plans rapprochés et les scènes au ralenti, accompagnés de mélodies mexicaines lointaines et oniriques, viennent consolider cette idée de microcosme.
Cyclique, le récit des oiseaux ivres s’articule autour d’un constant retour aux sources. Comme quoi les chemins que l’on emprunte finissent immanquablement par nous ramener au point de départ : nous-mêmes.
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