Crédit photo: Caroline Hayeur
Le 18 octobre dernier, la salle de spectacle bariolée de la rue Saint-Laurent, la Casa Del Popolo, a accueilli trois courtes représentations de théâtre d’objet et de marionnette contemporaine. Celles-ci étaient offertes par la 19e édition du Café Concret dans le cadre du Festival Phénomena, qui s’est déroulé du 17 au 24 octobre. Un spectacle bilingue et disparate, mais surtout enchanteur, où il fait bon de se caler dans son siège. Et ce, en savourant une pinte d’IPA, tout en renouant avec son coeur d’enfant.
The Girl Giant and the Farmer – The Flying Box Theater
Deborah Sullivan, Jesse Orr et Stephen Quinlan
Au son de l’accordéon de Deborah Sullivan, une géante découvre pour la première fois un être humain et veut le ramener chez elle. Les deux manipulateurs se produisent tout autour de leur castelet, assumant avec le sourire leurs accrochages de texte et leur mise en scène mal rodée. Les créateurs emploient leur quinzaine de minutes à nous faire voyager dans un monde imaginaire aux technicités un peu bancales qui donnent lieu à maints éclats de rire, car ici, la beauté réside dans la simplicité gamine du jeu.
Diana the Huntress – Twigs for Bones
Heather Caplap, Erin Hill, Joy Ross-Jones
Deux animatrices pimpantes se présentent à mi-chemin entre le maître de cirque et l’exposé oral. Juxtaposant la mythologie de Diane, déesse de la chasse romaine, à l’histoire vraie de «Diana, the Huntress of Bus Drivers», les créatrices nous font découvrir le triste passé des femmes des manufactures de Juarez, au Mexique. Ces dernières étaient massivement victimes d’agressions par des chauffeurs d’autobus. Si le sujet est lourd, le spectacle est léger et fait rire à gorge déployée. Avec des moyens inventifs et variés, on explique – en romançant les faits au nom de la fantaisie – comment Diana s’est faite vengeresse, pour ensuite assassiner deux chauffeurs d’autobus.
Une brève histoire du temps
Antonia Leney-Granger
Qu’advient-il quand on croise l’astrophysique et le théâtre d’objet ? Antonia Leney-Granger s’est lancé tout un défi en adaptant le livre phare de Stephen Hawking, Une brève histoire du temps. À ce moment de la soirée, le public était déjà un peu pompette. La créatrice nous explique, en 45 minutes et avec à sa disposition une infinité d’objets disparates, l’histoire de la science d’Aristote à nos jours, en passant par Copernic, Galilée, Newton et Einstein. Une matière complexe est devant nos yeux décortiquée à l’aide de jouets, calembours et clins d’œil des plus audacieux – mention spéciale à l’animateur de talk-show Guy A. Lilée (incarné par une machine à gomme balloune) qui nous explique l’héliocentrisme, avant d’être intimidé par Darth Vader, personnification burlesque de l’Église catholique.
Malgré la densité du sujet, la foule est demeurée suspendue aux lèvres de l’artiste durant toute la durée du spectacle. Il faut dire qu’à mi-chemin, celle-ci est revenue en force avec le « rap de la science », un slam dérisoire qui s’est valu une ovation et l’hilarité générale. Avec beaucoup d’esprit, Antonia Leney-Granger nous a démystifié tout ce que nos cours de science du secondaire n’ont jamais su expliquer convenablement. De quoi nous faire regretter le fait que nos enseignants n’aient pas eu plus souvent à leur disposition des trolls, de la pâte à modeler, des coussins à pet et une autre centaine d’objets inusités.
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