Crédit photo : Gunther Gamper
Le Théâtre Denise-Pelletier présentait le 7 novembre dernier la pièce Les Amoureux, une adaptation de l’œuvre écrite en 1787 par le dramaturge italien Carlo Goldoni. Cette comédie a certainement su traverser deux centenaires sans que son histoire ne devienne surannée.
Certains se reconnaîtront chez Eugenia et Fulgenzio, que l’amour amène facilement aux extrêmes de ce que ce sentiment peut nous apporter : le bonheur et la mélancolie. En effet, leur affection l’un envers l’autre est si forte qu’il n’y a aucun entre-deux, donnant quelques fois (souvent) lieu à des querelles d’une ampleur aberrante suivies de réconciliations fortes en émotions.
Néanmoins, c’est avec humour que Les Amoureux aborde ce conte d’amour passionné. Les facéties de son auteur font toujours rire malgré l’âge de la pièce, notamment en raison de la direction de la metteure en scène Catherine Vidal. Le décor kitsch, que le velours a envahi dans son entièreté, reflète la naïveté et les choix discutables de Fabrizio, risée de la bourgeoisie. L’arche et le piédestal taillés en cœur, ainsi que la piètre reproduction du David, sculpture emblématique de la Renaissance, qui meublent son manoir en témoignent sans l’ombre d’un doute. La pièce n’est pas sans rappeler les textes de Molière, dont Goldoni s’est d’ailleurs grandement inspiré.
Le jeu des acteurs contribue nettement à la qualité de la pièce. La performance de l’acteur Éric Bernier, qui interprète Fabrizio, est de loin la plus remarquable, lui qui a causé de nombreux fous rires au public. D’autres performances sont à saluer, dont celles des acteurs-comédiens Simon Beaulé-Bulman (Tognino) et Olivia Palacci (Lisette), qui ont su rendre aimables le valet et la servante en en misant sur les caractères respectivement dévoué et « maman ourse » des personnages.
La conception sonore n’a pas déçu non plus. Les spectateurs s’attendaient-ils à entendre des mélodies au clavecin? Oui, probablement. S’attendaient-ils à ce que le clavecin leur joue Poker Face de Lady Gaga ou Despacito (Luis Fonsi et Justin Bieber)? Certainement pas, mais ces pistes ont suscité l’enthousiasme du public, renforçant le ton convivial de la pièce.
Cependant, malgré un décor et une trame sonore qui se voulaient intemporels, les costumes sont restés plutôt fidèles à l’époque de Goldoni. Ceci étant dit, il aurait peut-être été judicieux qu’ils subissent le même rajeunissement auquel d’autres aspects de la production ont eu droit, car ilsi sont malheureusement passés inaperçus.
Les Amoureux laisse le sourire aux lèvres du public, qui s’est laissé surprendre par cette adaptation moderne mais tout aussi attachante de l’œuvre de Carlo Goldoni. La pièce, présentée jusqu’au 30 novembre 2019, est indubitablement à voir : soyez assurés que vous en ressortirez attendris.
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